Complices depuis le junior majeur: l’artiste des masques de Marc-André Fleury dit au revoir à son meilleur client
Le Journal de Montréal
Il y a un peu plus de 20 ans, un jeune gardien de hockey prometteur toquait à la porte de l’atelier de Stéphane Bergeron pour lui parler de son tout premier projet de masque. Le peintre était alors loin de se douter que Marc-André Fleury allait connaître une carrière aussi exceptionnelle.
Pas plus tard que mardi, M. Bergeron a livré ses derniers projets au Sorelois de 39 ans, mettant fin à une relation de travail qui a perduré. Fleury a été fidèle au même artiste toute sa carrière, effectuant entre 50 et 60 commandes depuis 2003.
«Marc-André est venu cogner à ma porte parce qu’il avait de la famille à Trois-Rivières, a expliqué au bout du fil le Bécancourois, seul peintre connu dans la LHJMQ à l’époque. Je ne le connaissais pas et même moi, ça ne faisait pas longtemps que j’étais dans le domaine. Je ne me doutais pas que ce petit gars avait un potentiel et qu’il allait être repêché un jour.»
C’est avec une pointe d’émotion que l’homme de 57 ans a effectué son travail pour le portier du Wild du Minnesota, sachant trop bien que la saison 2024-2025 était l’ultime dans la Ligue nationale de hockey (LNH) de son meilleur client.
«C’est moi qui me dis: “Ce sont sans doute les derniers que je lui fais.” On a été complices pendant plus de 20 ans parce que je faisais ses masques dans le junior majeur. Ça va me faire un petit quelque chose, mais la vie continue», a confié Stéphane Bergeron.
«L’an dernier aussi, on s’est parlé environ à la même date et il parlait de retraite. On était émotif tous les deux. Cette fois, je ne lui en parle pas trop pour qu’il savoure sa dernière saison.»
Travailler avec Marc-André Fleury, c’est travailler avec quelqu’un de minutieux. Les détails sont primordiaux pour le sympathique gardien et ça se traduit aussi dans son équipement. Dessiner pour lui, c’est aussi apprendre que le projet peut toujours changer.
«On se connaît bien, alors je dirais qu’il accepte 90% de ce que je fais, mais il aime bien ajouter sa touche personnelle, a indiqué M. Bergeron. C’est un client qui veut que tout soit parfait. [...] C’est souvent un détail, quelque chose que les gens ne remarqueraient pas, mais c’est très important pour lui.»
Pour son dernier tour de piste, Fleury portera quatre masques fraîchement peints, soit deux à domicile et deux sur les patinoires adverses. Il a notamment deux casques rétro rendant hommage aux North Stars du Minnesota où le N du logo a été remplacé par un M.
GAINESVILLE | C’est un mardi, en milieu de journée, au stade de basketball des Gators sur le superbe campus de l’Université de la Floride. Je suis installé aux abords du court, l’esprit plongé dans mon ordinateur portable. La voix grave typique d’un géant me fait sursauter. «Salut, c’est Olivier Rioux!» Bien assis, mon regard se tourne vers le haut, encore vers le haut, toujours vers le haut. Voilà qui promet pour ma rencontre avec celui qui a été reconnu il y a trois ans par le livre Guinness des records comme le plus grand adolescent au monde.