La crise du logement crée des «Tanguy»
Le Journal de Montréal
Avec les prix exorbitants des loyers et la rareté de ceux-ci, de plus en plus de jeunes adultes doivent demeurer chez leurs parents plus longtemps que prévu.
En 2021, soit avant la hausse fulgurante des taux d’intérêt, 43% des jeunes adultes de 20 à 29 ans vivaient avec au moins un de leurs parents au pays. Une hausse marquée par rapport au taux de 32,1% de 1991.
Il faudra attendre le prochain recensement en 2026 pour constater l’évolution du nombre de «Tanguy» (en référence à la comédie française sortie en 2001). Mais sur le terrain, nul doute que la crise du logement en force beaucoup à demeurer chez papa et maman.
Julie Lachance, 47 ans, héberge toujours son garçon de 26 ans, Justin, dans sa maison à Boisbriand. Son fils a-t-il un plan pour voler bientôt de ses propres ailes? «Son plan à moyen terme, c’est qu’il essaie de me faire acheter une maison à 800 000$ pour avoir plus de confort!» dit-elle avec une pointe d’humour.
Justin avait un bel appartement sur le Plateau-Mont-Royal, avec comptoir en quartz, à 950$ par mois. Il est retourné aux études et son retour à la maison devait être temporaire. Mais aujourd’hui, «ce n’est plus louable». Le loyer de son ancien logement a d’ailleurs doublé depuis.
«Je manque un peu d’intimité, mais il est aidant. Il est quand même pratique pour tondre le gazon et autres travaux!» dit Julie.
Le taux d’inflation des loyers a été de 7,9% depuis un an, selon la Banque TD. Quant aux frais d’intérêts hypothécaires, ils ont bondi de 27,4%. Signe que les appartements sont rares, le taux d’inoccupation était de 1,3% l’an dernier au Québec, bien en dessous du taux «d’équilibre» de 3%.
Résultat: à Montréal par exemple, un trois et demi (une seule chambre à coucher) coûtait plus de 1500$ par mois l’an dernier.
Pour la plupart des jeunes, le plan est de rester chez leurs parents le plus longtemps possible, le temps d’économiser et d’amasser un pactole pour un jour acheter une maison.
Alors qu’il manque encore 16 000 travailleurs sur le plancher dans nos magasins et que cela pèse lourd sur les épaules de 47% des employés, selon un nouveau sondage de Léger obtenu par Le Journal, les détaillants craignent le pire si on vient les priver en plus de leurs travailleurs étrangers temporaires (TET).
Le port de Montréal enclenche son premier jour de lock-out lundi dans le conflit de travail qui oppose l’Association des employeurs maritimes (AEM) et le Syndicat des débardeurs du port de Montréal. Un arrêt de travail qui aura des conséquences économiques «immédiates» et majeures si le conflit se prolonge.