La Fondation Saputo critiquée pour son placement dans Lion
Le Journal de Montréal
Une experte se demande si c’est vraiment le rôle d’une fondation bénéficiant de généreux crédits d’impôt de participer à la relance de Lion Électrique, qui est au bord du gouffre.
En 2023, la Fondation Mirella et Lino Saputo, de concert avec le Groupe Mach de Vincent Chiara, a consenti un financement de 90 millions $ à Lion Électrique. Le prêt portait alors un taux d’intérêt de 11%.
À la fin de novembre, Vincent Chiara n’a pas exclu de rajouter de l’argent dans Lion, à condition que de l’argent public soit aussi réinjecté dans la firme de Saint-Jérôme.
«Si la famille [Saputo] est là [et réinvestit dans l’entreprise], on va être là avec eux. Mais à ma connaissance, ce n’est pas fait», a-t-il confié au Journal.
Lion Électrique, qui traîne une dette à long terme de 293 millions $US et dont les coffres sont presque à sec, a obtenu le 1er décembre un sursis de ses prêteurs jusqu’au 16 décembre pour trouver une solution.
Brigitte Alepin, qui est professeure au Département des sciences comptables de l’Université du Québec en Outaouais, juge très problématique le fait que la fondation des Saputo se retrouve au cœur de la sauvegarde financière du spécialiste des autobus électriques de Saint-Jérôme.
«Les contribuables, quand ils acceptent de donner un crédit d’impôt de 53% [au bénéfice d’une fondation], si on leur disait: "[La fondation] va prendre cet argent puis l’investir dans Lion", je suis pas sûre qu’ils accepteraient de donner ce crédit d’impôt», martèle-t-elle en entrevue avec Le Journal.
Le manque de bornes de recharge publiques demeure un enjeu important pour les propriétaires de véhicules électriques. Selon un sondage de l’Association canadienne des automobilistes (CAA) auprès de 16 000 utilisateurs de VE au Canada, 7 conducteurs sur 10 sont insatisfaits du nombre de bornes sur le territoire canadien.
Le domaine de l’automobile a été fertile en rebondissements au cours de la dernière année. L’annonce surprise de la suspension temporaire des incitatifs gouvernementaux, les hauts et les bas du prix de l’essence et la tentative de percée des véhicules chinois sur le marché canadien ont retenu l’attention.
«On n’est vraiment plus dans une situation de pénurie généralisée de main-d’œuvre», estime l’économiste principale de Desjardins. Alors que Montréal accueille près de 60% des nouveaux arrivants et que la croissance de la population a frôlé les 2,3% cette année au Québec, l’emploi n’a pas suivi, avec un timide bond de 0,5%.