«Ils avaient presque le pied dans l’avion»: la décision d’Ottawa sur les visas pour les Mexicains a tué la «crevette de Matane»
Le Journal de Montréal
L’imposition d’un visa aux travailleurs mexicains a sonné le glas de l’usine de transformation de crevettes Les Fruits de mer de l’Est, encore plus que la baisse des quotas de pêche du crustacé.
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«Même après la baisse des quotas, l’usine avait investi pour diversifier sa production, par exemple avec le homard et le crabe des neiges. Ce ne sont pas des gens qui avaient abandonné. Mais quand ils ont rencontré le dernier problème, ça a été pour eux insurmontable. Ils ont décidé de fermer parce que c’est devenu trop compliqué», explique Gérald Beaulieu, préfet de la MRC de La Matanie.
L’entreprise danoise Royal Greenland, qui est la propriétaire de l’usine, a annoncé mettre la clé sous la porte en raison de la diminution de l’approvisionnement des fruits de mer, du manque d’employés et des défis financiers qui ne font qu’augmenter.
Mais dans son communiqué, la compagnie a aussi insisté sur la difficulté de trouver de la main-d’œuvre.
La décision de fermer l’usine survient après qu’Ottawa a refusé une demande de l’Association québécoise de l’industrie de la pêche, qui voulait obtenir une exemption au visa maintenant imposé aux Mexicains pour rentrer au Canada afin d’avoir des travailleurs étrangers.
Malgré la baisse des quotas de pêche, qui sont passés de 15 millions de livres à 2,3 millions en 15 ans, l’entreprise s’était quand même diversifiée pour transformer d’autres espèces, et venait tout juste d’investir pour construire des habitations destinées à accueillir les travailleurs mexicains. Ces derniers viennent chaque année pallier le manque de main-d’œuvre de l’usine.
Alors qu’il manque encore 16 000 travailleurs sur le plancher dans nos magasins et que cela pèse lourd sur les épaules de 47% des employés, selon un nouveau sondage de Léger obtenu par Le Journal, les détaillants craignent le pire si on vient les priver en plus de leurs travailleurs étrangers temporaires (TET).
Le port de Montréal enclenche son premier jour de lock-out lundi dans le conflit de travail qui oppose l’Association des employeurs maritimes (AEM) et le Syndicat des débardeurs du port de Montréal. Un arrêt de travail qui aura des conséquences économiques «immédiates» et majeures si le conflit se prolonge.