Une année en dents de scie pour Hydro-Québec
Le Journal de Montréal
Le «deal» de l’année, soit la nouvelle entente avec Terre-Neuve-et-Labrador pour l’approvisionnement en électricité du barrage de Churchill Falls, a probablement sauvé l’année d’Hydro-Québec.
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La première année complète de Michael Sabia à la tête d’Hydro-Québec n’a pas été de tout repos. Les résultats financiers ne cessent de se détériorer, surtout à cause du faible niveau d’eau dans ses réservoirs. Le manque d’eau empêche Hydro d’exporter de l’électricité autant qu’avant, et plombe ses finances. Le bénéfice net d’Hydro-Québec a reculé de 861 M$ pour les neuf premiers mois, une tendance qui se poursuit depuis deux ans.
Le nouveau PDG en a quand même profité pour y aller de ses initiatives. En mai, il annonçait que la société d’État prenait le contrôle du développement éolien au Québec. La société d’État passe ainsi d’un rôle d’acheteur d’électricité éolienne à celui de maître d’œuvre des projets. Michael Sabia veut multiplier par cinq le rythme de déploiement d’éoliennes dans la province.
L’ancien PDG de la Caisse de dépôt a aussi multiplié les gestes d’ouverture envers les Autochtones, dont l’appui est plus que nécessaire pour mettre à bien les projets de développements d’Hydro-Québec, notamment le plan éolien et la transmission d’électricité provenant de Churchill Falls.
Enfin, l’année se termine sur une note inquiétante. Quatre syndicats, représentant plusieurs milliers de travailleurs, se sont dotés d’un mandat de moyens de pression pouvant aller jusqu’à la grève illimitée. Un dénouement qui pourrait mettre de gros bâtons dans les roues de M. Sabia, qui a le double défi de stopper l’hémorragie des profits de la plus importante vache à lait de l’État québécois et de doubler la capacité d’électricité d’Hydro-Québec.
Le tout, sans faire exploser la facture mensuelle d’électricité pour les Québécois et Québécoises.
En mai, Michael Sabia a mis de l’avant un de ses premiers gros projets: faire passer la société d’État d’un rôle d’acheteur d’électricité éolienne à celui de maître d’œuvre des projets. Alors que jusqu’ici Hydro-Québec achetait l’électricité de producteurs privés comme Boralex ou Innergex, elle devient maintenant maître d’œuvre et actionnaire des projets de 1000 MW et plus. Hydro-Québec veut passer d’un rythme historique de 200 MW additionnels par année entre 2000 et 2020 à un rythme se situant entre 1000 et 1500 MW de plus par année d’ici 2035. Les municipalités et les Premières Nations pourront être des partenaires financiers dans les projets éoliens et en tirer des revenus.
Le manque de bornes de recharge publiques demeure un enjeu important pour les propriétaires de véhicules électriques. Selon un sondage de l’Association canadienne des automobilistes (CAA) auprès de 16 000 utilisateurs de VE au Canada, 7 conducteurs sur 10 sont insatisfaits du nombre de bornes sur le territoire canadien.
Le domaine de l’automobile a été fertile en rebondissements au cours de la dernière année. L’annonce surprise de la suspension temporaire des incitatifs gouvernementaux, les hauts et les bas du prix de l’essence et la tentative de percée des véhicules chinois sur le marché canadien ont retenu l’attention.
«On n’est vraiment plus dans une situation de pénurie généralisée de main-d’œuvre», estime l’économiste principale de Desjardins. Alors que Montréal accueille près de 60% des nouveaux arrivants et que la croissance de la population a frôlé les 2,3% cette année au Québec, l’emploi n’a pas suivi, avec un timide bond de 0,5%.