Plus de 800 restaurants ont fermé pour de bon dans la dernière année au Québec
Le Journal de Montréal
Près d’un restaurant sur cinq a été rayé de la carte au Québec depuis la pandémie, soit plus de 3800 sur 22 730. Au cours de la dernière année seulement, plus de 839 restaurateurs ont accroché leur tablier, coincés par les fermetures, le manque d’employés et l’explosion du prix des aliments. Le Journal est allé à leur rencontre.
«J’ai un restaurateur désespéré qui vient de m’appeler pour me dire qu’il avait 200 000 $ en banque avant la pandémie et qu’il est pris avec une dette de 500 000 $ parce qu’il n’a pas eu droit à l’aide fédérale», lance Olivier Bourbeau, vice-président, Affaires fédérales et Québec, de Restaurants Canada.
Cette histoire est loin d’être un cas isolé. Ces derniers jours, Le Journal a parlé à de nombreux restaurateurs sous le choc. Voir les portraits plus bas.
Cascade de fermetures
Après deux ans de pandémie, 2428 restaurants à services complets, 669 à services restreints, 540 de restauration spéciale et 29 bars ont fermé pour un total de 3666, selon l’Association Restauration Québec (ARQ).
Un chiffre qui pourrait atteindre les 3800, selon Restaurants Canada, qui note qu’à l’échelle du pays, 13 000 adresses ont disparu en un claquement de doigts.
Mesures sanitaires, pénurie de main-d’oeuvre, prix des aliments... les propriétaires de restaurants ont dû affronter de nombreux vents de face.
«L’essoufflement des propriétaires peut venir du fait que le prix des aliments a augmenté de 6,3 %, ce n’est pas un détail, comparativement à 5,2 % pour l’ensemble des biens, de février 2020 à février 2022», analyse Jöelle Noreau, économiste principale du Mouvement Desjardins.
«Beaucoup travaillent avec des cuisines au gaz. Or, on a observé des hausses des prix énergétiques», ajoute-t-elle.
Alors qu’il manque encore 16 000 travailleurs sur le plancher dans nos magasins et que cela pèse lourd sur les épaules de 47% des employés, selon un nouveau sondage de Léger obtenu par Le Journal, les détaillants craignent le pire si on vient les priver en plus de leurs travailleurs étrangers temporaires (TET).
Le port de Montréal enclenche son premier jour de lock-out lundi dans le conflit de travail qui oppose l’Association des employeurs maritimes (AEM) et le Syndicat des débardeurs du port de Montréal. Un arrêt de travail qui aura des conséquences économiques «immédiates» et majeures si le conflit se prolonge.