«On se fait frapper de tous bords tous côtés»: un autre patron menace de devoir produire «Made in USA»
Le Journal de Montréal
Après Lepage Millework et Tremcar, la PME familiale de portes d’acier De la Fontaine menace, elle aussi, de devoir délocaliser une partie de sa production aux États-Unis contre son gré si elle perd ses 50 soudeurs d’usine arrivés ici comme travailleurs étrangers temporaires (TET).
«On se fait frapper de tous bords tous côtés», soupire Gabriel de La Fontaine, directeur général de De la Fontaine, à Sherbrooke.
«Des soudeurs, je n’en ai pas. J’ai une entreprise juste devant chez nous qui a une pancarte “Nous embauchons machinistes et soudeurs”», soutient-il.
À la mi-octobre, Le Journal rapportait qu’un patron d’une PME de portes et fenêtres du Bas-Saint-Laurent craignait de devoir perdre la moitié de ses 90 TET.
Une semaine après, Tremcar disait même déjà regarder du côté des États-Unis pour déménager une partie de ses activités, faute de bras en raison des nouvelles règles d’Ottawa (voir encadré plus bas).
Alors qu’il y a toujours 139 405 postes à pourvoir au Québec, Manufacturiers et Exportateurs du Québec (MEQ) rappellent qu’il manque 13 200 travailleurs dans nos usines de fabrication, dont 890 soudeurs.
Emna Braham, PDG de l’Institut du Québec (IDQ), note que la profession «est en léger déficit ou en déficit de main-d’œuvre disponible, et ce dans l’ensemble des régions du Québec pour la période 2023-2027», selon l’État d’équilibre du marché du travail 2023.
Cette réalité implacable, Gabriel de La Fontaine n’en peut plus.
Il dit avoir fait des pieds et des mains pour trouver des candidats québécois, sans succès, et que les nouvelles règles d’Ottawa, dont celle qui forcera les employeurs à augmenter le salaire médian de leurs travailleurs de 5,49$ pour passer de 27,47$ à 32,96$ de l’heure, n’est tout simplement pas envisageable.
Alors qu’il manque encore 16 000 travailleurs sur le plancher dans nos magasins et que cela pèse lourd sur les épaules de 47% des employés, selon un nouveau sondage de Léger obtenu par Le Journal, les détaillants craignent le pire si on vient les priver en plus de leurs travailleurs étrangers temporaires (TET).
Le port de Montréal enclenche son premier jour de lock-out lundi dans le conflit de travail qui oppose l’Association des employeurs maritimes (AEM) et le Syndicat des débardeurs du port de Montréal. Un arrêt de travail qui aura des conséquences économiques «immédiates» et majeures si le conflit se prolonge.