Sévère critique de notre virage vers la filière de la batterie électrique
Le Journal de Montréal
«On aurait pu faire des choix beaucoup plus intelligents en dépensant probablement moins d’argent pour de plus grands résultats», estime un professeur d’économie, qui accuse non seulement le gouvernement Legault de bâtir la filière batterie «sur du vent», mais de vider nos PME de leurs employés au profit d'entreprises étrangères subventionnées à coup de milliards de dollars.
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Même si la filière aura des retombées positives en construction, en extraction de lithium, en transport ou en taxes pour les villes, le jeu n’en vaut pas la chandelle, s'inquiète Frédéric Laurin, professeur d’économie à l’École de gestion de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR).
«Paternaliste», «archaïque», «risqué»... l'intellectuel ne mâche pas ses mots à l'endroit du projet phare du gouvernement Legault.
«Pourquoi faire venir ces entreprises? Pour créer de l’emploi? On n’en a pas besoin. Pour l’innovation? Elles ne vont pas innover. Pour faire travailler nos PME? On n’est pas sûr qu’il y aura un arrimage avec elles», s’étonne-t-il.
Frédéric Laurin soutient que la filière batterie est «un contre-exemple de développement économique moderne». «Importer une technologie d’ailleurs, c’est exactement ce que font les pays en voie de développement», lance-t-il.
Dans une note politique récente, le chercheur à l’Institut de recherche sur les PME (INRPME) va jusqu’à écrire que «la filière batterie n’existe pas au Québec».
D’après lui, malgré nos entreprises d’extraction de lithium (comme Nemaska Lithium) et nos projets d’usine de batteries de Bécancour (Ford-EcoPro et GM-POSCO) et de Saint-Basile-le-Grand/McMasterville (Northvolt), le Québec est loin de la coupe aux lèvres.
Alors qu’il manque encore 16 000 travailleurs sur le plancher dans nos magasins et que cela pèse lourd sur les épaules de 47% des employés, selon un nouveau sondage de Léger obtenu par Le Journal, les détaillants craignent le pire si on vient les priver en plus de leurs travailleurs étrangers temporaires (TET).
Le port de Montréal enclenche son premier jour de lock-out lundi dans le conflit de travail qui oppose l’Association des employeurs maritimes (AEM) et le Syndicat des débardeurs du port de Montréal. Un arrêt de travail qui aura des conséquences économiques «immédiates» et majeures si le conflit se prolonge.