Il abandonne le métier de camionneur et vend ses cinq camions parce qu’il n’en peut plus financièrement
Le Journal de Montréal
«Je répare mes camions, et je les vends. Je liquide mes actifs au grand complet», confie le chauffeur Francis Rouleau, pris à la gorge en raison de la flambée des taux d’intérêt, du prix des pièces, des camions, du carburant et des assurances.
Pour lui, ce geste est loin d'être banal parce qu’il porte le chapeau de directeur général de l'Association des routiers professionnels du Québec (ARPQ), en plus d’être camionneur.
«Je vais tout vendre pour changer de domaine. J’avais cinq camions», lance-t-il. Celui qui faisait déjà de la mécanique pense se rediriger dans ce domaine pour gagner sa croûte. Ces derniers mois ont été durs pour lui. Les colonnes de chiffres ne faisaient plus de sens. Il fallait mieux s'arrêter, selon lui.
«Le prix de l’amortissement par mois, entre 2000 $ et 3000 $ par camion, était rendu un gros pensez-y-bien», illustre-t-il.
Ces derniers jours, Le Journal a cogné à la porte de plusieurs entreprises pour savoir si les hausses de taux d’intérêt, qui se sont étirées dans le temps, faisaient mal. La réponse ne s'est pas fait attendre.
Au Groupe Gamache, qui écoule des camions de reprises de finance, on a senti le vent tourner depuis plusieurs semaines. L’essoufflement commence à peser lourd. Les camionneurs ont besoin d'argent et sont plus nombreux à laisser aller leur véhicule.
«On a vu un bond de 30 % de reprises de camion ces deux derniers mois. On en avait un par mois. On en a maintenant un par semaine», confirme son directeur des ventes Pascal Langlois. Sur le site web du Groupe Gamache, on y vend des Kenworth, des Freightliner, des Peterbilt et des Western Star.
Alors qu’il manque encore 16 000 travailleurs sur le plancher dans nos magasins et que cela pèse lourd sur les épaules de 47% des employés, selon un nouveau sondage de Léger obtenu par Le Journal, les détaillants craignent le pire si on vient les priver en plus de leurs travailleurs étrangers temporaires (TET).
Le port de Montréal enclenche son premier jour de lock-out lundi dans le conflit de travail qui oppose l’Association des employeurs maritimes (AEM) et le Syndicat des débardeurs du port de Montréal. Un arrêt de travail qui aura des conséquences économiques «immédiates» et majeures si le conflit se prolonge.