Assurance: l’enfer des maisons patrimoniales
Le Journal de Montréal
On en fait grand cas quand on veut les détruire, on s’insurge, on se braque. Les maisons patrimoniales sont au cœur de l’ADN des Québécois, dit-on, mais leurs propriétaires arrivent à peine à les assurer avec des primes qui doublent, triplent et même quadruplent depuis un an.
Prenez l’exemple de Monique J. LeClerc, à Carignan, municipalité située à 30 minutes à peine de Montréal. Depuis 50 ans, la dame de 82 ans s’occupe avec passion de la maison Saint-Hubert, construite en 1785 et classée comme immeuble patrimonial, soit la plus haute protection au Québec.
« J’ai juste un rêve dans la vie : être déclassée. Ils ne nous protègent pas », lance-t-elle du fond du cœur, en parlant de l’État québécois et plus précisément de son ministère de la Culture.
Sa maison en pierre coiffée d’un toit à deux versants retroussés, elle a bien failli la perdre, il y a quelques mois. Le problème, du moins le dernier en date, vient des assureurs.
En 2019-2020, sa police lui a coûté 3000 $. En 2020-2021, on lui a refusé son renouvellement, même si elle n’a fait aucune réclamation depuis 50 ans.
« Pas d’assurance, plus de prêt hypothécaire », souligne-t-elle.
Après plus de 300 appels téléphoniques et au moins autant de courriels, elle a fini par trouver une solution. Quatre assureurs ont accepté de se partager le risque, chacun facturant le plein prix. Résultat des courses : 13 000 $.
« Le cauchemar a duré trois mois. Même si je veux la vendre, qui va vouloir acheter ça ? Les gens ne seront pas capables de l’assurer », dit l’octogénaire férue du patrimoine.
La sténographe a depuis longtemps passé l’âge de la retraite, mais elle travaille toujours pour assumer les coûts liés à sa maison.
Alors qu’il manque encore 16 000 travailleurs sur le plancher dans nos magasins et que cela pèse lourd sur les épaules de 47% des employés, selon un nouveau sondage de Léger obtenu par Le Journal, les détaillants craignent le pire si on vient les priver en plus de leurs travailleurs étrangers temporaires (TET).
Le port de Montréal enclenche son premier jour de lock-out lundi dans le conflit de travail qui oppose l’Association des employeurs maritimes (AEM) et le Syndicat des débardeurs du port de Montréal. Un arrêt de travail qui aura des conséquences économiques «immédiates» et majeures si le conflit se prolonge.