«On n’a pas les poches si profondes que ça»: des milliers d’emplois à risque dans le jeu vidéo, le cinéma et la télé
Le Journal de Montréal
Des milliers d’emplois dans le jeu vidéo, le cinéma et la télé sont à risque avec les baisses annoncées de plusieurs crédits d’impôt, au point où certains craignent que le Québec se fasse damer le pion par l’Ontario avec ses juteux incitatifs fiscaux.
«À une heure de Montréal, il y a 40% de crédit d’impôt, et l’immigration est plus facile», lance Christopher Chancey, propriétaire du studio ManaVoid, qui emploie 50 personnes travaillant sur des jeux comme Rainbow Billy: The Curse of the Leviathan.
Dans l’industrie, le crédit d’impôt de 37,5% plongera à 27,5%, alors qu’il flirte avec les 40% dans la province de Doug Ford.
«On n’a pas les poches si profondes que ça», dénonce Christopher Chancey, qui préside le CA de La Guilde du jeu vidéo du Québec. Ce qui le choque, c’est que le nouveau seuil d’exclusion de 18 000$ fera bien plus mal aux plus petits qu’aux grands studios.
En gros, pour un salaire de 40 000$, le crédit d’impôt actuel de 37,5% donne 15 000$ au studio.
Désormais, pour ce même salaire de 40 000$, on devra soustraire 18 000$, ce qui donne 22 000$. C’est sur ce 22 000$ que le nouveau crédit de 27,5% s’appliquera, ce qui correspondra à 6050$.
«Les juniors moins hauts salariés sont directement impactés par le seuil d'exclusion de 18 000$. Ça sera beaucoup moins intéressant pour une entreprise de prendre le risque d'embaucher des plus jeunes», estime Christopher Chancey.
«Denis Villeneuve n’a pas fait Dune comme premier film. Il faut bien commencer quelque part», image-t-il.
Dans le jeu vidéo, les petits studios perdront 46% et 68% de leurs crédits d’impôt d’ici quatre ans, ce qui est catastrophique pour les indépendants, alerte La Guilde du jeu vidéo du Québec.
Alors qu’il manque encore 16 000 travailleurs sur le plancher dans nos magasins et que cela pèse lourd sur les épaules de 47% des employés, selon un nouveau sondage de Léger obtenu par Le Journal, les détaillants craignent le pire si on vient les priver en plus de leurs travailleurs étrangers temporaires (TET).
Le port de Montréal enclenche son premier jour de lock-out lundi dans le conflit de travail qui oppose l’Association des employeurs maritimes (AEM) et le Syndicat des débardeurs du port de Montréal. Un arrêt de travail qui aura des conséquences économiques «immédiates» et majeures si le conflit se prolonge.