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«Je passe à table» : une biographie gourmande pour Lara Fabian
Le Journal de Montréal
Lara Fabian affirme cuisiner tous les jours de sa vie. Elle peut se sustenter d’un unique sandwich aux tomates, mais elle aura tranché le fruit elle-même en le badigeonnant d’huile, de sel et de basilic, dans un geste d’amour et de délicatesse.
On avait eu un aperçu des talents culinaires de la directrice de «Star Académie» quand celle-ci avait mitonné un succulent pesto et autres douceurs à quelques finalistes du concours, lors d’un repas spécial chez elle, en fin de saison dernière. Plusieurs ignoraient alors encore à quel point Lara Fabian aimait manier le poêlon, un secret que sa garde rapprochée connaissait pourtant très bien.
Pour la chanteuse aux 30 ans de carrière, chaque bon petit plat ramène à une histoire. À sa maman qui préparait des pâtes de bébé dans une casserole en émail bleu et blanc, à son premier gratin d’endives préparé elle-même à 16 ans, aux mille boulots accomplis par son papa, aux hivers en Sicile, à son ascension, aux troubles alimentaires qu’elle a surmontés...
L’idée de marier ses passions pour la bouffe et l’humain s’est donc imposée tout naturellement à Lara, qui se raconte aujourd’hui dans une jolie autobiographie gourmande intitulée «Je passe à table».
«Entre récits et recettes, je raconte les tribulations d’une fille qui a eu au moins trois vies», lance Lara dans un éclat de rire.
«La table est quelque chose qui a toujours été présent dans ma vie. D’abord par la transmission que ma mère m’a léguée, qui venait de sa mère à elle. Je suis la cinquième génération de femmes qui hérite de cet amour de la table. J’ai consolidé et traversé tellement de belles choses, et d’autres difficiles – la beauté peut parfois être complexe! –, donc, ça me paraissait normal. Cuisiner, c’est ma façon de vivre. Ce qui m’intéresse le plus, ce sont les récits qu’on crée autour d’une table, autour du fait qu’on est réunis, et pas juste ce que l’on mange. Parfois, ce peut être d’une simplicité absolue, et peut suffire à nourrir le lien plus que le reste.»
Souvenirs et photos
L’ouvrage regorge de précieux souvenirs et de photos personnelles, lesquels s’additionnent à des recettes héritées de la famille de Lara ou de ses voyages à travers le globe. Créations salées ou sucrées, pasticcio de lasagnes ou boulettes à la sauce tomate, omelette à la ricotta et à la menthe ou mousse au chocolat et au Nutella entrecoupent les anecdotes attendrissantes ou touchantes.
«La pertinence de "Je passe à table", c’est que la recette a de l’intérêt vraiment parce qu’elle est issue d’un moment, qui est raconté dans le livre. C’est tellement collé aux histoires que je n’arrive pas à les dissocier», résume l’artiste.
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Une personne très proche de moi venait de mourir. Alors que je parlais avec un collègue psychologue, je n’ai pas pu m’empêcher de pleurer... et je me suis aussitôt empressée de m’excuser. J’ai alors eu droit à une réplique sans appel de sa part: «Ah non! Non!», m’a-t-il répété. Sa réponse m’a fait un grand bien, et j’y repense souvent. Il a refusé mes excuses, soulignant que mes émotions étaient non seulement légitimes, mais qu’elles s’exprimaient de la meilleure façon qui soit. La mort de cette personne m’avait profondément affligée, et il n’y avait aucune raison d’être gênée d’éprouver cette tristesse.