[PHOTOS] «Apocalypse Now» sur la rue Sainte-Catherine
Le Journal de Montréal
À trois semaines du retour du Grand Prix F1 de Montréal, la rue Sainte-Catherine Ouest, en travaux majeurs, emprunte des allures de fin du monde qui inquiètent ses commerçants autant qu’elles irritent la clientèle.
«Pour vous dire franchement, c’est très difficile. Ce l’est pour tout le monde», confie Adama Mané, gérant de la chic boutique de vêtements Lacoste, au centre-ville de Montréal.
«L’achalandage a chuté, nous avons dû réduire la taille de nos équipes en semaine, et alors que des hordes de touristes s’apprêtent à débarquer pour le Grand Prix [une période normalement faste], on n’en espère presque rien cette année.»
La situation de ce détaillant est en tout point semblable à celle de ses voisins d’infortune, commerçants, restaurateurs, ou gestionnaire de salles de cinéma, résignés devant la poursuite des travaux rue Sainte-Catherine, entamés il y a déjà six ans.
Sur près de 300 mètres, entre les rues Mansfield et Stanley, les Simons, Moores, Garage, Tristan, Canada Goose, Aritzia, Cineplex et les autres subissent depuis l’automne dernier la poursuite du grand projet de transformation visant à rendre l’emblématique artère commerciale plus conviviale pour ses visiteurs (élargissement des trottoirs, ajout de mobilier, réduction du stationnement, etc.).
En attendant, du moins sur ce tronçon, la Sainte-Catherine est complètement bloquée à la circulation et s’apparente depuis des semaines à une énorme zone sinistrée, éventrée sur plusieurs mètres de profondeur, afin de permettre la refonte des systèmes souterrains de canalisation, d’irrigation et d’alimentation de toutes sortes (électricité, gaz naturel, fibre optique, etc.).
«Je n’ai pas le droit de vous parler, mais disons que c’est absolument l’enfer», nous confirme, excédée, la responsable d’une boutique de vêtements pour femmes bien en vue du secteur. De mois en mois, remarque-t-elle, l’achalandage de sa boutique diminue, ce qui n’est pas sans conséquence sur le chiffre d’affaires.
«J’ai l’impression que les clients se font prendre une fois, et que par la suite, ils font tout pour ne plus revenir. C’est dommage, mais je les comprends. Même pour nous, qui y travaillons et connaissons le secteur comme le fond de notre poche, c’est devenu compliqué de trouver notre chemin.»
Malgré les améliorations apportées dans la gestion du chantier, le directeur général de Montréal Centre-ville, Glenn Castanheira, reconnaît que le parcours proposé à la clientèle, encadré pour leur sécurité par des centaines de mètres de couloirs grillagés, n’est pas idéal.
Alors qu’il manque encore 16 000 travailleurs sur le plancher dans nos magasins et que cela pèse lourd sur les épaules de 47% des employés, selon un nouveau sondage de Léger obtenu par Le Journal, les détaillants craignent le pire si on vient les priver en plus de leurs travailleurs étrangers temporaires (TET).
Le port de Montréal enclenche son premier jour de lock-out lundi dans le conflit de travail qui oppose l’Association des employeurs maritimes (AEM) et le Syndicat des débardeurs du port de Montréal. Un arrêt de travail qui aura des conséquences économiques «immédiates» et majeures si le conflit se prolonge.