Les dessous du fiasco de Lion Électrique: «Ils dépensaient comme s’il n’y avait pas de lendemain»
Le Journal de Montréal
Développement de véhicules désordonné, tests routiers insuffisants, dépassements de coûts massifs... Le Journal lève le voile sur Lion Électrique, ce pilier de la filière batterie qui a reçu plus de 200 millions $ en aides publiques et sur lequel plusieurs petits actionnaires misaient beaucoup.
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Vu par plusieurs comme un «Elon Musk québécois», Marc Bédard, le fondateur de Lion, et son entourage «voulaient créer une grande entreprise, mais ils n’avaient pas l’équipe de vente ni les infrastructures nécessaires pour y arriver», résume un ancien cadre sous le couvert de l’anonymat.
«Ils pensaient qu’avec l’argent du gouvernement, ou l’entrée en Bourse, il aurait pu régler les problèmes», relève un autre ex-travailleur.
Quelques mois avant d’entrer en Bourse, en mai 2021, Lion a présenté aux investisseurs des projections financières vertigineuses. En 2024, l’entreprise allait vendre 15 800 camions et 2600 autobus prévoyaient ses dirigeants. Ses revenus atteindraient 5 milliards $.
La réalité est tout autre. Pendant les neuf premiers mois de cette année, les ventes de Lion ont tout juste franchi les 165 millions $. Moins de 400 véhicules ont été vendus, dont à peine 36 camions.
L’entreprise est actuellement confrontée à un urgent besoin de fonds. À la Bourse de Toronto, son titre a perdu 68% de sa valeur en un mois et près de 99% depuis 2021.
Les ex-employés à qui nous avons parlé ont dénoncé certaines façons de faire de Lion, et ce, même s’ils sont liés par des accords de confidentialité. Ils ont pointé du doigt le manque d’expérience des dirigeants, qui auraient multiplié les mauvaises décisions.
Alors qu’il manque encore 16 000 travailleurs sur le plancher dans nos magasins et que cela pèse lourd sur les épaules de 47% des employés, selon un nouveau sondage de Léger obtenu par Le Journal, les détaillants craignent le pire si on vient les priver en plus de leurs travailleurs étrangers temporaires (TET).
Le port de Montréal enclenche son premier jour de lock-out lundi dans le conflit de travail qui oppose l’Association des employeurs maritimes (AEM) et le Syndicat des débardeurs du port de Montréal. Un arrêt de travail qui aura des conséquences économiques «immédiates» et majeures si le conflit se prolonge.