Haïtiens en République dominicaine: «pourquoi sont-ils comme ça avec nous?»
Le Journal de Montréal
«Pourquoi sont-ils comme ça avec nous ?», se plaint Odrin, immigré haïtien à Saint-Domingue à propos du racisme et des difficultés à vivre en République dominicaine.
Cela fait pourtant 17 ans qu'il a franchi la frontière entre les deux pays qui se partagent l'île d'Hispaniola.
Ce jour, Odrin, qui préfère taire son patronyme, attend au centre de rétention de Haina de Saint-Domingue, espérant pouvoir faire libérer cinq proches arrêtés lors d'un coup de filet.
C'est dans cet ancien centre de vacances que sont regroupés chaque jour des dizaines de Haïtiens avant leur expulsion vers leur pays par camions.
Odrin, père de trois enfants, se dit fatigué. «Mon plan est de partir, mais je ne trouve pas d'autre possibilité [ailleurs] et il est très difficile de retourner à Haïti», pays parmi les plus pauvres de la planète et miné par la violence des gangs.
«De tous les gouvernements, c'est l'actuel qui s'est le plus mal comporté avec nous», assure-t-il, accusant l'administration de compliquer les démarches pour les Haïtiens. «J'ai donné [les papiers], mais ils ne les ont pas renouvelés. Ça traine», déplore-t-il.
Déclarations musclées sur l'immigration et la sécurité, omniprésence de Haïti dans les discours, multiplication des raids antimigratoires, construction d'un mur de 164 km le long de frontière...
Le président dominicain Luis Abinader, qui brigue un deuxième mandat dimanche, a fait de Haïti, son principal fonds de commerce électoral, associant souvent l'immigration à la criminalité.
Une politique qui plaît. Selon les sondages, 70% des Dominicains approuvent la gestion du pays par Abinader, grand favori des enquêtes d'opinion. Ses adversaires aussi tiennent un discours anti-immigration.