Fête nationale à Québec: des Plaines fringantes malgré la pluie
Le Journal de Montréal
Il tombait des cordes, il ventait et on gelait, mais ça n’a pas empêché une poignée d’irréductibles de se réunir sur les plaines d’Abraham, dimanche soir, pour fêter le Québec dans l’enthousiasme et pour rendre un autre vibrant hommage à Karl Tremblay.
Dès que le visage du regretté chanteur des Cowboys Fringants est apparu sur les écrans géants, vers la fin du spectacle, le public a hurlé sa joie et scandé son nom.
«J’ai un petit mot à vous dire», a annoncé Marie-Annick Lépine, qui retrouvait les Plaines, un an après le déjà mythique concert du groupe au Festival d’été.
«Parce que Karl aurait tellement aimé être avec nous ce soir, célébrons le beau même si vous allez voir, mes puces, que la vie est souvent injuste», a-t-elle dit, avant de chanter la déchirante ballade Les cheveux blancs.
Quelques instants plus tard, accompagnées de jeunes chanteurs de la chorale du Vieux-Palais de L’Assomption (parmi lesquelles se trouvaient les filles de Karl et Marie-Annick) et des artistes du spectacle, Marie-Annick et sa grande amie Mara Tremblay ont mis un point final parfait à la soirée sur l’air inoubliable du classique Les étoiles filantes.
Auparavant, la mémoire de Jean-Pierre Ferland a aussi été saluée. Un pot-pourri de ses succès a connu une jolie finale en apothéose quand la foule et les artistes ont chanté Le petit roi d’une seule voix.
À part durant ces hommages, on a peu entendu de véritables classiques de la chanson québécoise. Le menu musical était moderne, en raison de la présence des talentueux Les Louanges et Ariane Roy, ou parfois audacieux, avec des visages moins connus comme Beatrice Deer et Aiza.
Parmi les moments à signaler, le fédérateur Patrice Michaud a frappé dans le mille en misant sur Kamikaze et Vous êtes ici, et, pour les nostalgiques, Mitsou a choisi de chanter Dis moi, dis moi tandis que Zébulon a offert une festive Marie-Louise.
Hôtesse de la soirée, Mara Tremblay a aussi utilisé la chorale d’enfants pour une version sympathique du Spaghetti à papa, titre de son premier album, il y a 25 ans.
Installé à New York tout l’automne, l’humoriste Mathieu Dufour se demandait si la Grosse Pomme allait «virer à l’envers» le soir de l’élection américaine, au moment où Le Journal l’a contacté, mardi après-midi. «J’ai bien hâte de voir s’il va y avoir des répercussions», a dit celui qui en a profité pour annoncer un nouveau spectacle de Noël avec une chorale de 100 chanteurs.
Pour la journaliste et chroniqueuse d’origine haïtienne Anne-Lovely Etienne, le regretté Herby Moreau a représenté un monde des possibles en devenant l’une des premières figures de la communauté noire à avoir couvert – et à avoir fait partie – du star-system québécois. «Il m’a permis de me dire: moi aussi, je peux le faire», confie-t-elle.
Les Cowboys Fringants ont poursuivi sur leur lancée dimanche soir. Après avoir vu l’album et la comédie musicale Pub Royal rafler cinq Félix mercredi, lors des deux premiers galas, le groupe de Repentigny a ajouté trois statuettes à sa cagnotte au principal Gala de l’ADISQ, animé par Pierre-Yves Roy-Desmarais. Parions qu’il y a un Karl Tremblay qui était bien fier de ses comparses là-haut.
Ils sont au cœur de la chanson québécoise et créent des œuvres qui marquent des générations et des moments de vie à jamais; pourtant, en plus de vivre dans l’ombre, les paroliers québécois ne parviennent pas à gagner leur vie avec leur passion. «Personne ne peut vivre de sa plume en chanson au Québec en ce moment », estime la parolière Ève Déziel.
Finalistes dans sept catégories, dont quatre au gala dominical, Les Cowboys Fringants ont tous les éléments en main pour être les grands gagnants de l’ADISQ cette année. L’excellent album Pub Royal, tiré de la comédie musicale du même nom et auquel le chanteur Karl Tremblay a prêté sa voix avant son décès, a été acclamé de toutes parts à sa sortie au printemps. Si cela s’avérait le chant du cygne pour les Cowboys, ils auraient de quoi partir la tête très haute. Voici les coups de cœur et prédictions de nos journalistes pour ce 46e Gala de l’ADISQ.
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