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Lucien Francoeur, 1948-2024: le Québec perd son poète rebelle
Le Journal de Montréal
Le Québec a perdu un monument de sa contre-culture. Poète rebelle, rockeur insoumis, professeur et animateur radio, Lucien Francoeur a rendu l’âme au bout d’une formidable vie remplie d’excès à l’âge de 76 ans, mardi soir.
C’est un arrêt cardiaque survenu en pleine rue, le 22 octobre, qui aura été fatal à celui qu’on a notamment connu pour ses recueils de poésie, le rock percutant de son groupe Aut’Chose et son célèbre Rap-à-Billy.
Tenu dans le coma depuis deux semaines, il est mort entouré de sa conjointe Claudine Bertrand et de sa fille Virginie.
«La poésie l’a accompagné jusqu’à son dernier souffle. À son chevet, ma mère et moi lui en avons lu. Ça lui a permis de partir en paix», a confié sa fille Virginie Francoeur, dans une entrevue accordée au Journal.
Lucien Francoeur avait commencé à écrire et à publier de la poésie depuis une couple d’années quand sa route a croisé celle de Pierre-André Gauthier, en 1974.
«Je l’ai rencontré dans un party de Noël. Il chauffait des taxis. Il m’a dit: “Je suis un poète rock and roll.” Câline, ça adonne bien, moi je suis un guitariste rock and roll», nous a raconté M. Gauthier.
Ensemble, ils ont formé Aut’Chose, fait paraître trois albums sur lesquels on retrouve des chansons comme Le freak de Montréal et Nancy Beaudoin.
«Francoeur, c’est Rimbaud. Ce qu’il racontait, ce n’était pas “je t’aime” et “je veux te tenir la main”. C’était un peu plus cru, un peu plus vrai. Il a écrit de la poésie de ruelle.»
Comme l’expose sa fille dans le touchant documentaire Francoeur: on achève bien les rockers, le disciple québécois de Henry Miller et Jim Morrison a eu une vie rock’n’roll, faite d’aventures fascinantes et d’abus de drogues.