Des prix Grammy pour des Québécois?
Le Journal de Montréal
Pour une deuxième année consécutive, le Québec pourrait briller à la remise des prix Grammy, dimanche.
Après la double victoire du producteur montréalais Kaytranada, l’an dernier, Allison Russell et Yannick Nézet-Séguin se pointent à Las Vegas, ville hôtesse de la 64e cérémonie des prix Grammy, avec trois citations en poche chacun.
L’histoire d’Allison Russel mérite qu’on s’y attarde. Même si elle demeure encore presque inconnue du grand public chez nous, peu d’artistes du Québec ont autant fait parler d’eux aux États-Unis au cours de la dernière année.
Avec un seul album à son actif, l’émouvant Outside Child, sorti il y a un an, cette Montréalaise maintenant établie en banlieue de Nashville, classée dans la catégorie americana en raison des racines folk, country, blues et gospel de ses chansons, est en lice pour les Grammy de l’album americana de l’année, ainsi que pour ceux de meilleure chanson et meilleure performance pour Nightflyer.
La qualité de son travail n’est pas passée inaperçue au sud de la frontière. Dès la parution de son album, le New York Times avait publié une longue entrevue dans laquelle Allison Russell avait révélé les abus sexuels qu’elle avait subis de la part de son père adoptif durant son enfance à Montréal.
« J’aimerais être la seule à avoir connu une telle enfance, mais c’est le tiers des femmes, le quart des hommes, une personne non binaire ou trans sur deux. C’est toute une pandémie de violence sexuelle », avait-elle confié au Journal, l’automne dernier.
Les grands plateaux
Depuis l’annonce de ses nominations, l’intérêt pour sa musique ne cesse de grandir. Rolling Stone et Variety ont fait son portrait tandis que plusieurs publications ont inclus Outside Child dans leur sélection des meilleurs albums de 2021.
Les grands plateaux de fin de soirée ont emboîté le pas. En janvier, elle chantait Persephone au Late Show de Stephen Colbert, à CBS. Puis, la semaine dernière, Jimmy Kimmel la recevait pour une seconde fois en un an à son émission, cette fois pour une vibrante interprétation de 4th Day Prayer.
Après 19 mois à parcourir la planète pour chanter ses succès dans des stades remplis de Swifties hystériques, la plus grande vedette de notre époque, Taylor Swift, s’amène enfin au Canada – six concerts à guichets fermés à Toronto à partir de jeudi, puis trois à Vancouver en décembre – pour mettre un point final à la tournée la plus lucrative de l’histoire de la musique.
Installé à New York tout l’automne, l’humoriste Mathieu Dufour se demandait si la Grosse Pomme allait «virer à l’envers» le soir de l’élection américaine, au moment où Le Journal l’a contacté, mardi après-midi. «J’ai bien hâte de voir s’il va y avoir des répercussions», a dit celui qui en a profité pour annoncer un nouveau spectacle de Noël avec une chorale de 100 chanteurs.
Pour la journaliste et chroniqueuse d’origine haïtienne Anne-Lovely Etienne, le regretté Herby Moreau a représenté un monde des possibles en devenant l’une des premières figures de la communauté noire à avoir couvert – et à avoir fait partie – du star-system québécois. «Il m’a permis de me dire: moi aussi, je peux le faire», confie-t-elle.
Les Cowboys Fringants ont poursuivi sur leur lancée dimanche soir. Après avoir vu l’album et la comédie musicale Pub Royal rafler cinq Félix mercredi, lors des deux premiers galas, le groupe de Repentigny a ajouté trois statuettes à sa cagnotte au principal Gala de l’ADISQ, animé par Pierre-Yves Roy-Desmarais. Parions qu’il y a un Karl Tremblay qui était bien fier de ses comparses là-haut.
Ils sont au cœur de la chanson québécoise et créent des œuvres qui marquent des générations et des moments de vie à jamais; pourtant, en plus de vivre dans l’ombre, les paroliers québécois ne parviennent pas à gagner leur vie avec leur passion. «Personne ne peut vivre de sa plume en chanson au Québec en ce moment », estime la parolière Ève Déziel.
Finalistes dans sept catégories, dont quatre au gala dominical, Les Cowboys Fringants ont tous les éléments en main pour être les grands gagnants de l’ADISQ cette année. L’excellent album Pub Royal, tiré de la comédie musicale du même nom et auquel le chanteur Karl Tremblay a prêté sa voix avant son décès, a été acclamé de toutes parts à sa sortie au printemps. Si cela s’avérait le chant du cygne pour les Cowboys, ils auraient de quoi partir la tête très haute. Voici les coups de cœur et prédictions de nos journalistes pour ce 46e Gala de l’ADISQ.
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