Afghanistan : sevrage de force pour les toxicomanes à Kaboul
Le Journal de Montréal
KABOUL, Afghanistan | Ils ont des têtes rasées, des tuniques trop grandes et des regards de bêtes traquées. Pour les toxicomanes raflés par les talibans sous un pont de Kaboul ou confiés par leurs familles à un centre de réhabilitation, 45 jours de sevrage forcé commencent.
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Leur cache est connue de tous. À Pul-e-Sukhta, le pont sous lequel la ville recrache ses eaux usées, les toxicomanes de Kaboul vivent et meurent à l’abri des regards.
Une présence intolérable pour la nouvelle police talibane qui multiplie les rafles.
Deux combattants, armés de M16 et d’AK47 ont été envoyés ce matin pour secouer les silhouettes amorphes au milieu d’un amoncellement de coussins, de couvertures, de sacs de sable et de seringues ou de pipes à crack.
Après quelques tirs de semonce, les toxicomanes sont poussés sans ménagement dans des ambulances direction le service de réhabilitation de l’hôpital Ibn Sina, installé dans une ancienne base militaire.
Le directeur du centre, le Dr Ahmad Zoher Sultani peut accueillir un millier de patients. Et il y vide la mer du fléau national à la petite cuillère.
« La drogue est un terrible problème dans notre pays, il y a près de quatre millions de toxicomanes », explique à l’AFP le médecin.
Environ 10 % de la population afghane est aux prises avec la drogue, un record mondial confirmé par les enquêtes internationales.