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«C’est le match de ma vie»
Le Journal de Montréal
C’est un but qui est entré dans la légende. Le Canadien perdait par un but contre les Bruins de Boston. On était dans le septième match de la série. Il ne restait que quelques minutes avant l’élimination et la déception de toute une nation. Mais Don Cherry et son équipe venaient d’écoper d’une pénalité pour avoir eu un joueur de trop sur la patinoire.
En cette soirée du 10 mai 1979, le Forum et tout le Québec n’attendaient que ce moment miraculeux.
Guy Lafleur prit la rondelle derrière le but du Canadien et de ses enjambées puissantes sortit de son territoire. Il repéra Jacques Lemaire dans la zone centrale tout juste à un pas de la ligne bleue des Bruins. La rondelle traversa la ligne en même temps que Lemaire. Pas de hors-jeu.
Lemaire avança de quelques pieds encore puis il passa derrière lui à Lafleur, sans même le regarder. Lafleur n’hésita pas. Même s’il était encore à 45 pieds du gardien, il lança à l’instinct. Le tir frappé était parfait. Vif et lourd à la fois, et Gilles Gilbert avança la jambière une fraction de seconde trop tard. Il restait moins de deux minutes à jouer.
Et voilà que le Canadien se retrouvait en période supplémentaire. Un but ferait la différence. Une victoire ou une défaite. Mais impossible de savoir avant de revenir sur la patinoire.
– Ta bataille contre le cancer, c’est comme une période en supplémentaire. Pas moyen de savoir si tu vas gagner ou perdre.
– C’est vrai. Je suis en overtime mais cette fois j’ai pas le contrôle du puck. Les scoreurs, c’est eux autres au CHUM. Le docteur Mustapha Tehfe et les membres de son équipe. Moi, je peux juste aider.
C’est très dur. La chimiothérapie et le docépaxel administrés aux trois semaines perturbent tout l’être de Guy Lafleur. Le cocktail qu’on lui administre est celui qu’on réserve aux cancers de grade 2 à 4. Les plus sévères. Lafleur serre les dents et s’encourage. « Je veux rester positif. Les nodules cancéreux dans les poumons ont diminué. Ça fluctue. On me dit que ça varie entre les grades 4 à 2. Mais la métastase qui enserre maintenant toute une côte, c’est une autre histoire », explique le grand 10 du Canadien.
– Quand même, t’as une bonne voix ce matin...