Volkswagen Rabbit 1983 - Golf 2023 : 40 ans de GTI
Le Journal de Montréal
En 1976, Volkswagen lance la Golf GTI en Europe sans trop y croire. Mais à la grande surprise du fabricant, les acheteurs se bousculent pour mettre la main sur cette réinterprétation de la performance et de la sportivité automobile. Une nouvelle mode déferle, celle du « Grand Tourisme Injection », dont l’abréviation GTI devient un marqueur incontournable de l’industrie.
En Amérique du Nord, il faut attendre 1983 pour voir arriver un modèle similaire : la Rabbit GTI. Quarante années sont passées et cette compacte vitaminée, devenue la Golf GTI, en est à sa huitième génération. Pour célébrer cet anniversaire, nous avons pensé qu’un match amical serait plus à propos qu’un gâteau de fête…
Cela peut sembler incroyable quand on y pense aujourd’hui, mais la Golf GTI n’aurait jamais vu le jour sans la volonté et la persévérance de quelques employés de Volkswagen. Au milieu des années 70, le constructeur allemand prend un tournant important avec l’arrivée de la première Golf, baptisée Rabbit de notre côté de l’Atlantique. La mission, très délicate, est de remplacer l’incontournable mais vieillissante Beetle. Il faut dire qu’avec son moteur situé derrière l’axe des roues et son design tout en rondeurs, elle peine à cacher son âge. Plutôt que de développer une nouvelle Beetle, Volkswagen change complètement d’approche avec la Golf. Il s’agit d’une voiture à hayon, avec un rouage à traction et un moteur à refroidissement liquide disposé à l’avant. C'est banal aujourd’hui, mais pour Volkswagen, c’était un pari osé à l’époque.
Pour la haute direction, la Golf n’a pas vocation à être une voiture à connotation sportive. Comme la Beetle, son mandat est de demeurer une « Volkswagen » au sens littéral du terme. Une « voiture du peuple », apte à satisfaire une grande quantité de clients à travers le monde. Pourtant, un petit groupe d’employés pense le contraire. Emmenée, entre autres, par Anton Konrad, directeur du service de presse de Volkswagen et Alfons Löwenberg, ingénieur chargé des essais, une équipe se lance dans le développement d’une « Sport-Golf ».
L’idée de base, discutée autour d’une bière et d’un sandwich chez Anton Konrad lui-même, c’est de concevoir une voiture performante sur la route, mais qui serait aussi capable de briller en compétition avec un minimum de préparation. Le directoire de Volkswagen n’a pas été facile à convaincre, et selon Alfons Löwenberg, il a fallu insister lourdement pour obtenir son accord ! Même à l’interne, nombreux étaient les employés à remettre en question les choix techniques retenus et la validité d’un tel projet.
Cependant, la persévérance du petit groupe finit par payer, et le feu vert pour une Golf sportive est finalement donné. Plusieurs noms sont envisagés, Golf TTS, Golf TS, Golf GTS, mais c’est Horst-Dieter Schwittlinsky (qui travaillait au service marketing) qui suggère Golf GTI, pour « Grand Tourisme Injection ». Un véritable coup de maître, cette appellation étant désormais devenue incontournable.
À sa présentation au Salon de Francfort 1975, la Golf GTI est remarquablement bien accueillie par le public. Avec son moteur 1,6 litre développant 110 chevaux (selon les normes européennes) et son poids de seulement 840 kg, la voiture était capable de passer de 0 à 100 km/h en 10 secondes et d’atteindre une vitesse maximale de 182 km/h. Cela peut faire sourire aujourd’hui, mais en 1976 c’était très impressionnant pour une compacte.
Dans les années 80-90, tout le monde a entendu parler des K-cars, les Dodge Aries et Plymouth Reliant, qui ont permis à Chrysler de survivre. On oublie par contre souvent qu’en habillant une voiture prolétarienne d’un tuxedo, Chrysler a également connu un joli succès et dégagé de confortables marges avec sa LeBaron. Modèle qui a aussi servi de base à la plus rare des K-cars, comme vous pourrez le voir plus loin.