Un film futuriste sur les pensionnats autochtones
Le Journal de Montréal
La découverte de milliers de tombes anonymes près d’anciens pensionnats pour Autochtones a récemment ravivé de douloureux souvenirs pour les communautés autochtones du pays. Avec son film Night Raiders, la réalisatrice crie-métisse Danis Goulet propose de revisiter ce triste chapitre de notre histoire à travers le prisme de la science-fiction.
Campé dans un futur proche où le pays a été dévasté par une guerre, Night Raiders (Les voleurs de la nuit) met en scène une jeune mère autochtone (Elle-Máijá Tailfeathers) qui tente de se cacher en forêt avec sa fille adolescente (Brooklyn Letexier-Hart) pour éviter que celle-ci se fasse remarquer par les autorités. C’est que dans ce monde sombre et anarchique, les enfants sont enlevés des mains de leurs parents pour être placés dans une académie contrôlée par le gouvernement.
Danis Goulet a commencé à écrire le scénario de Night Raiders en 2013, donc bien avant que les histoires de pensionnats autochtones remontent à la surface ces dernières années.
« Les communautés autochtones ont toujours su que cela existait, mais c’est vrai que les récentes découvertes ont permis de mettre en lumière cette réalité », a souligné la cinéaste dans un entretien téléphonique accordé au Journal.
« Quand j’ai commencé à écrire le film, j’ai voulu aborder ce sujet parce que je sentais que les gens n’étaient pas au courant de cette réalité. On n’entendait pas parler des pensionnats autochtones dans les écoles, et dans les cours d’histoire. Ça fait pourtant un chapitre important dans le fondement du Canada. Ça me semblait désolant qu’on ne soit pas plus au courant de cette réalité. »
Pour créer cet univers dystopique, la cinéaste originaire de la Saskatchewan dit avoir été influencée par le ton grave et l’ambiance post-apocalyptique du film Les fils de l’homme, d’Alfonso Cuaron. « J’ai aussi été inspirée par District 9 parce que ce film était une allégorie assez claire de l’Apartheid », ajoute-t-elle.
Liberté
L’idée de transposer le récit de son film dans un monde futuriste s’est d’ailleurs imposée rapidement.
« Tous les événements dans ce film se sont déjà produits au cours de notre histoire, mais le fait de situer le récit dans le futur m’a donné beaucoup de liberté », observe Danis Goulet.