Restrictions de travailleurs étrangers: «J’ai tout abandonné au Cameroun pour venir au Québec»
Le Journal de Montréal
«Je n’imagine même pas la réaction de mes enfants si je leur disais que l’on doive retourner» confie en fixant droit dans les yeux Victor Stanislas Zibi, un ébéniste originaire du Cameroun épris du Québec, qui craint de devoir partir avec les nouvelles règles d’Ottawa. D’ailleurs, un dossier du Journal met en évidence que le Québec est accro aux travailleurs étrangers temporaires.
«J’ai une maison au-dessus de ma tête. Dans cette maison, il y a une femme et des enfants. Si on me coupe les pieds, cette maison va s’écrouler», image Victor Stanislas Zibi, ébéniste chez Fornirama, à Montréal.
«J’ai tout abandonné au Cameroun pour venir au Québec. Je n’ai plus de vie là-bas. La chaise que j’ai laissée est déjà occupée par quelqu’un d’autre», soupire-t-il.
Cette histoire n’a rien d’anecdotique. Derrière les chiffres, des milliers travailleurs craignent comme lui de se faire couper leurs racines au Québec.
C’est que le 26 septembre, Ottawa resserrera les critères des travailleurs étrangers (TET) en abaissant le plafond de 20% à 10% par endroit. (voir tableau à la fin.)
Pour Stephan Dupré, patron de l’entreprise familiale de troisième génération Fornirama, à Montréal, qui en a six sur 40, cela dépasse l’entendement.
«Ils ferment le robinet d’un seul coup au lieu d’y aller une mesure à la fois. C’est stressant pour nos travailleurs et pour nous aussi», déplore-t-il.
Ces derniers jours, nombre d’entreprises ont confié au Journal leurs préoccupations par rapport à ces nouvelles règles.