Baseball majeur: et si Montréal avait fait comme San Francisco?
Le Journal de Montréal
SAN FRANCISCO | Avant de construire un nouveau stade il y a 25 ans, les Giants de San Francisco valaient moins de 200 M$ et attiraient les pires foules du baseball majeur. Comme les Expos. Aujourd’hui, l’équipe vaut près de 4 G$ et fait partie des équipes qui présentent les meilleures assistances dans la MLB.
Je souhaitais faire un dernier texte pour boucler mon séjour à Oakland pour la fin des A’s. J’avais une journée de congé avant de revenir et je suis allé voir les Giants, de l’autre côté du pont. Depuis, je ne suis pas capable de me sortir de la tête ce que je vais écrire dans cette chronique.
Aucun homme d’affaires et politicien ne peut voir dans le futur. Mais nous, on peut voir dans le passé, et c’est plutôt fascinant de constater comment on l’a échappé quand on analyse l’histoire des Giants.
Les plus vieux disent souvent qu’il fallait construire un nouveau stade pour sauver les Expos. Mais la plupart des Québécois de 40 ans et moins, comme moi, en doutent.
Parce qu’on a surtout connu les Expos après 1995. Quand l’équipe était horrible, qu’il y avait parfois moins de 3000 spectateurs, que Termel Sledge était un des bons frappeurs.
Il n’y avait plus rien d’adorable dans ce que les plus vieux appelaient «Nos Amours». On n’a pas connu ça. Il y avait quatre fois plus de partisans dans les estrades durant ces années que durant les nôtres.
C’est donc plus facile, pour ma génération, de se dire qu’il n’y avait plus rien à faire avec le baseball à Montréal.
Mais on était dans le champ. Et l’avenir le prouve, pas à peu près. Pour comprendre, il faut revenir aux Giants.
Ce n’était pas beau, ce qu’il se passait avec cette concession quand elle évoluait au vieux Candlestick Park, construit en 1956. En 1976, il n’y avait pas un chat à ses matchs. L’équipe était pourrie. Elle est passée à deux doigts d’être déménagée à Toronto.
GAINESVILLE | C’est un mardi, en milieu de journée, au stade de basketball des Gators sur le superbe campus de l’Université de la Floride. Je suis installé aux abords du court, l’esprit plongé dans mon ordinateur portable. La voix grave typique d’un géant me fait sursauter. «Salut, c’est Olivier Rioux!» Bien assis, mon regard se tourne vers le haut, encore vers le haut, toujours vers le haut. Voilà qui promet pour ma rencontre avec celui qui a été reconnu il y a trois ans par le livre Guinness des records comme le plus grand adolescent au monde.