Vous souvenez-vous de la… Volkswagen Phaeton?
Le Journal de Montréal
Cette auto est la vision d’un homme, d’un seul. Il la voulait comme la meilleure voiture jamais fabriquée. Finalement, elle sera un échec retentissant et coûtera une véritable fortune à Volkswagen.
C’est l’un des surnoms de cet homme. Ferdinand Piëch, c’est le petit-fils de Ferdinand Porsche, concepteur de la VW Beetle et le neveu de Ferry Porsche, fondateur de Porsche. Ingénieur de formation, il est notamment le créateur de la Porsche 917 et de l’Audi Quattro. Président d’Audi de 1988 à 1992, il devient président du groupe Volkswagen le 1er janvier 1993.
À ce moment, le groupe est au bord de la faillite. Il réalisera un redressement spectaculaire. Ingénieur doué, il dirige par la terreur et est extrêmement exigeant avec tous ses collaborateurs. D’où son surnom… Règle numéro 1 : on ne conteste jamais, au grand jamais, Ferdinand Piëch. Règle numéro 2 : si Piëch a tort, voir la règle numéro 1.
Dans la deuxième moitié des années 90, Mercedes et BMW commencent à descendre en gamme et à marcher sur les plates-bandes de Volkswagen. Piëch est particulièrement furieux du lancement de la Classe A au Salon de Francfort 1997. « Eh bien si c’est comme cela, Volkswagen concurrencera Mercedes! » se dit-il. Ainsi débute le plan de montée en gamme de la marque s’appelant littéralement « voiture du peuple », accompagné par les rachats de Bugatti, Lamborghini et Bentley en 1998.
Le premier signe de cette montée est le lancement de la Passat B5 W8 en 2002 avec son moteur W8 de 4 litres développant 275 chevaux (le moteur en W est d’ailleurs une idée de Ferdinand Piëch lui-même). L’auto sera un bide avec moins de 11 000 ventes en 3 ans et le W8 ne sera utilisé par aucun autre modèle du groupe. Pertes sèches! Ensuite, Piëch veut concurrencer la Classe S même si, pour cela, il y a déjà l’Audi A8. Voir la règle numéro 1.
Commence alors un plan de développement pharaonique pour le projet VW611, qui deviendra la Phaeton : nouvelle plate-forme, nouvelles technologies et nouvelle usine. Il se dit que le programme aurait coûté un milliard d’euros. Piëch veut le top absolu pour « sa » Phaeton et fixe une liste de 10 critères d’ingénierie réputés impossibles pour sa conception. En la voyant, la moitié des ingénieurs serait sortie de la pièce en état de choc.
Un seul critère a été rendu public : la capacité de rouler toute une journée à 300 km/h avec une température extérieure de 50 degrés tout en maintenant une température intérieure constante de 22 degrés. Qu’importe si la Phaeton est électroniquement limitée à 250 km/h… Voir la règle numéro 1. Une nouvelle plate-forme, la D1, sera développée et, pour amortir les coûts, elle sera partagée avec les Bentley Continental GT et Flying Spur à venir. Elle doit offrir une rigidité en torsion exceptionnelle pour améliorer le confort et la tenue de route. En fin de compte, la Phaeton attendra le chiffre de 37 000 N.m / degré (par comparaison une Porsche 911 Turbo 996 de la même époque est à 27 000 N.m / degré).
Si peur et plaisir ne semblent pas spontanément aller de pair, de nombreuses personnes raffolent pourtant des films d’horreur ou encore des sports extrêmes d’hiver, par exemple. Sans oublier ces montagnes russes toujours plus vertigineuses qui, chaque été, attirent les foules. Comment expliquer qu’autant de gens semblent parfois vouloir avoir peur ?