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Marianne Fortier: la soif du changement
Le Journal de Montréal
Elle a joué les premières de classe, les « bonnes petites filles », les demoiselles en détresse, même. Mais à 28 ans, Marianne Fortier a envie de se délester de cette étiquette pour aller voir ailleurs, explorer les zones sombres de son registre jusqu’ici inexplorées. « Je n’ai plus envie de m’imposer des limites », annonce la comédienne.
Elle a longtemps collé à la peau de Marianne Fortier, cette étiquette de jeune fille de bonne famille, ou encore sans défense. Et elle ne la rejette pas entièrement, bien consciente qu’elle est entrée dans le monde du showbiz québécois avec l’archétype du genre. Elle n’avait que 10 ans lorsqu’elle a décroché son premier rôle, prêtant ses traits à Aurore Gagnon, dite l’enfant martyre.
« Un rôle comme celui-là, ça marque, et ce, tant pour une comédienne que pour le public. C’est normal qu’on continue à m’offrir des rôles dans cette veine ; il y a quelque chose de logique dans cette association, avec mon physique et mes yeux bleus. Mais aujourd’hui, j’ai envie de surprendre, de m’éloigner de moi et d’aller ailleurs complètement », atteste-t‐elle, en entrevue avec Le Journal.
Plus mûre
La comédienne se targue en effet d’aller là où on ne l’attend pas. De jouer des rôles plus mûrs, plus complexes. Et c’est exactement ce qu’elle fait cette année. Après avoir montré les dents (littéralement !) en devenant un zombie dans Brain Freeze cet automne, elle endosse désormais le rôle de Camille, un personnage adulte et ayant une grande part d’ombre, dans Nous, attendu dès jeudi sur Club illico.
Ce Nous, c’est un immeuble (le Northern Fixtures, dont seules les lettres n, o, u et s ont survécu à l’usure du temps) où gravitent cinq jeunes qui, au premier regard, ne pourraient être plus différents. Mais un coup du destin leur apprend qu’ils sont tous nés à quelques jours d’intervalle... dans la même pouponnière. Est-ce un hasard s’ils se retrouvent un moment coincés dans un ascenseur en panne ? Probablement pas...
En marge de ces rencontres, Camille tente de mettre de l’ordre dans sa vie familiale, laquelle recèle des secrets, comme en témoigne le généreux héritage qu’elle a reçu après le décès de sa grand-mère, sa propre mère ayant été gommée du testament pour des raisons obscures. Cette quête de vérité la portera bien loin, jusqu’à la faire basculer du côté de l’agresseur.
« Camille, elle est comme un presto ; on ne sait pas quand ni comment, mais on sait qu’elle va exploser. Je peux le confirmer », avance la comédienne, navigant prudemment dans un champ miné de divulgâcheurs.
« Toute sa vie, elle a foncé tête première dans les défis comme un bull-dozer, sans se poser de questions. Mais là, il y a cet héritage qui vient la bouleverser. En cherchant la vérité, elle va déterrer beaucoup de choses, des secrets qui vont venir éveiller quelque chose de très sombre, de violent même, enfoui en elle. C’est l’fun à explorer. Vraiment. Mais c’est difficile. Il faut que ce soit très texturé, très nuancé. C’est quelque chose que je n’avais encore jamais exploré », poursuit-elle.