
«Vieillir à deux, c’est mieux», assure Janette Bertrand qui deviendra centenaire mardi
Le Journal de Montréal
Dans cette généreuse entrevue, Janette Bertrand se confie sur la place de l'amour dans sa vie et l'importance de la vie à deux.
Janette Bertrand: «C’est très égoïste, mais ça embellit la vie. C’est une habitude à prendre, à regarder le beau côté des gens et des choses. C’est mon père qui m’a montré ça. Avant de juger, j’essaie très fort et ça fonctionne. Ça rend heureux, point. Ce genre de pensées se cultive. Si tu décides d’être heureux, il faut que tu décides de voir le beau côté des choses et des gens. Je pense qu’il faut aussi penser à soi en tant que personne qui lutte pour être heureuse et qui lutte pour vivre sa vie dans le plus de petits plaisirs que possible. L’amour des autres, l’amour de la famille, oui, l’amour. Tout cela, c’est un paquet de troubles, comme partir en voyage. Mais en vieillissant, il faut avoir du trouble [rires].»
JB: «La perfection n’existe pas! On est des humains. Une grande chose à dire aux jeunes est qu’il faut se donner droit à l’erreur. Pourquoi on ne se tromperait pas? Toute ma vie, je me suis donné le droit à l’erreur. Je l’avoue quand je me trompe, je dis: «tu as raison, ce n’est pas bon, je vais recommencer». C’est tellement plus simple. Je n’ai pas beaucoup d’orgueil, je l’avoue. Je suis une risqueuse et si je me trompe, tant pis.»
JB: «Non, je n’ai pas peur de ça, être seule, parce que je vais vers les autres. Je me fais de nouveaux amis. Je développe souvent des amitiés avec des personnes jeunes et vieilles, en allant vers eux. Si tu ne vas pas vers les autres, là tu vas être seul.»
JB: «J’ai eu la “chance”, à 20 ans, de faire de la tuberculose, à l’époque où c’était une pandémie et où il n’y avait aucun remède. J’ai passé dix mois dans un sanatorium privé, j’étais contagieuse et condamnée. Ma mère est morte de la tuberculose cette année-là, j’étais certaine que j’allais mourir. Puis mon père est venu me chercher en disant qu’il était tanné de cette maladie et il n’a plus jamais voulu en parler. J’ai eu une rechute, puis je m’en suis sortie en me disant: j’ai failli perdre la vie, donc ma vie est précieuse! Je tiens à la vie parce que je n’ai que ça. Je dois la vivre et avoir du fun jusqu’au bout.»