
«Révolution»: un autre côté du contemporain
Le Journal de Montréal
Le milieu de la danse est protéiforme, et un aspect était jusqu’à maintenant absent de «Révolution», celui de la danse contemporaine plus expérimentale, à l’image du numéro étonnant et déstabilisant de Sébastien Cossette-Masse, dans l’émission de dimanche soir.
Le danseur montréalais de 31 ans a choisi de reprendre une chorégraphie de Marie Chouinard, qu’il a dansée à de nombreuses reprises. À partir d’un souhait de Sarah-Jeanne Labrosse, il a improvisé un numéro, sans musique, simplement accompagné par le son de son corps.
«Je suis déjà venu à Révolution, mais je n’avais pas été pris. Cette fois-ci, je n’avais pas envie de me présenter, mais plutôt de faire ce qui me fait le plus plaisir. J’ai dansé durant quatre ans pour la compagnie Marie Chouinard, et cette œuvre a bouleversé ma vie de danseur, c’est ce qui a fait que j’ai quitté la compagnie pour partir mes propres projets. Elle fait beaucoup de sens dans ma vie.»
Il voulait aussi montrer le côté interprète d’un danseur. «À “Révolution”, on voit beaucoup de danseurs qui chorégraphient, mais dans le milieu, il y a énormément de danseurs qui sont des interprètes.»
Numéro audacieux
Même si le numéro est basé sur l’improvisation, il demande quand même une préparation en amont. «C’est une improvisation totale, mais avec une structure. On écoute le souhait, on se laisse inspirer dans le mouvement, mais il y a des choses à penser dans l’utilisation de l’espace, du rythme, du son, du regard... Il y a des éléments qui sont travaillés en studio pour que l’œuvre et la danse fassent du sens avec le souhait. Il y a un gros travail de préparation.»
Sébastien savait que son choix était risqué dans le contexte d’une compétition à la télévision. «Je voulais vraiment montrer cette démarche, que ça fasse du sens. Ce sont des choses qu’on voit dans les théâtres, ce genre de spectacle existe dans les salles. Si les “fans” de “Révolution” décident d’aller voir un spectacle de Daniel Léveillé ou Frédérick Gravel, il faut qu’ils s’attendent à ça. Je me dis que je suis le porte-parole de ce contemporain-là.»
Démarche personnelle
Participer à l’émission est aussi pour lui une manière de se découvrir. «Ça m’a ouvert sur qui je suis, ce que je veux présenter... “Révolution” m’aide à avancer sur ces questions. C’est une plateforme pour la danse, mais c’est aussi une manière de me découvrir dans ma démarche, et même beaucoup plus que je pensais. Ça valide également la solidité intérieure de ma démarche artistique.»