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Chine: la «diplomatie des otages» inquiète dans les milieux d’affaires
Le Journal de Montréal
PÉKIN, Chine | La libération simultanée de la directrice financière de Huawei par le Canada et de deux Canadiens par Pékin suscite l’inquiétude dans les milieux d’affaires étrangères en Chine, certains estimant que la « diplomatie des otages » a fonctionné.
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Après être restée trois ans au Canada en instance d’extradition vers les États-Unis, qui la soupçonnent de fraude bancaire, Meng Wanzhou, la fille du fondateur du géant chinois des télécoms, est rentrée samedi en héroïne dans son pays.
Simultanément, Michael Spavor et Michael Kovrig, arrêtés en Chine quelques jours après Mme Meng, retrouvaient le Canada après avoir connu les prisons chinoises sous l’accusation d’espionnage. Les médias de Pékin n’ont guère soufflé mot de leur arrestation ni de leur libération.
Le régime chinois assure que les deux affaires n’ont pas de lien entre elles, mais la simultanéité des libérations montre que « la diplomatie des otages a fonctionné dans une certaine mesure », relève le sinologue Jean-Pierre Cabestan, de l’Université baptiste de Hong Kong.
Dans ce contexte, certaines entreprises étrangères s’inquiètent de voir leur personnel expatrié servir à leur tour de monnaie d’échange lors de différends diplomatiques.
« Il semble de plus en plus que les entreprises sont les victimes de la politique », s’inquiète Steven Lynch, directeur de la Chambre de commerce britannique en Chine.
Certains patrons ont mis en place des plans d’urgence en cas de détention de leur personnel, d’après le chef d’une entreprise canadienne à Shanghai.