Résidence permanente: Ottawa croule sous les dossiers
Le Journal de Montréal
OTTAWA | Le système d’immigration est tellement débordé qu’il faudra de cinq à sept ans à Immigration Canada pour venir à bout de la pile de dossiers de demandes de résidence permanente qui s’accumulent dans ses bureaux dans les catégories humanitaires, pourtant jugées prioritaires.
«C’est absolument épouvantable. La vie des gens est laissée dans un purgatoire pendant des années», dénonce la députée néo-démocrate Jenny Kwan, qui a forcé Immigration Canada a dévoilé ces chiffres en posant une question écrite au Parlement.
En mai, la pile était si importante que 73 000 personnes attendaient le traitement de leur dossier de résidence permanente dans les catégories humanitaires. La députée souligne que ce chiffre n’a pu que grimper depuis, puisque les nouvelles demandes arrivent sans arrêt.
Dans ces catégories, on compte notamment les anges gardiens, ces demandeurs d’asile, souvent des Haïtiens, ayant prêté main-forte dans les hôpitaux et les CHSLD du Québec pendant la pandémie.
Québec leur a accordé un certificat de sélection en reconnaissance de leurs services et Ottawa a promis de leur accorder la résidence permanente. Sans ce sésame, ils sont interdits de séjour au Canada.
Plusieurs d'entre eux étaient déjà dans cette situation aux États-Unis sous le premier gouvernement Trump. Dans l'espoir d'un avenir meilleur, ils ont fui par le chemin Roxham, car Washington menaçait de les déporter. Encore aujourd'hui, Donald Trump affirme qu’il expulsera les 11 millions de sans-papiers des États-Unis.
Les demandeurs de résidence permanente dans les catégories humanitaires, ce sont aussi les Ukrainiens arrivés au Canada après que la Russie a envahi leur pays, en février 2022.
Ottawa leur avait délivré un visa d’urgence de trois ans. Les premiers qui sont arrivés n’ont donc plus beaucoup de temps devant eux avant de devenir sans-papiers. Ils doivent rapidement obtenir un nouveau visa ou la résidence permanente, sans quoi ils devront retourner dans un pays toujours en guerre.
Mais tous doivent s’armer de patience, car le très grand nombre de demandes à traiter génère des délais d’attente disproportionnés. Pour un immigrant qui réside au Canada et demande la résidence permanente dans les catégories humanitaires, la moyenne de traitement est de 23 mois. S’il réside en Inde, c’est encore pire: 31 mois.