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Regard franc sur une carrière d’écrivain
Le Journal de Montréal
À 88 ans, Gilles Archambault pose un regard franc, authentique et sincère sur sa carrière d’écrivain dans son nouveau recueil de récits, Il se fait tard. Avec une plume minutieuse, économe, mais très efficace, il évoque ses débuts, ses modèles, ses compagnons de route, et parle en filigrane de sa vie de père, d’amoureux, d’homme.
Ses textes sont bouleversants, teintés de nostalgie. « C’est un livre qui dépend, comme mes derniers livres, du fait que je ne suis plus jeune. J’ai 88 ans, vous savez. Ce que je pense de la vie ? C’est une chose merveilleuse, c’est bien évident. Mais comme elle doit se terminer, et que je ne crois pas à une vie autre que la vie terrestre, eh bien, il y a toujours une angoisse qui va avec le fait de vieillir », commente l’écrivain, en entrevue.
La culture pour parer l’angoisse
Cela dit, il essaie, dans ses livres et dans la vie en général, de ne pas être pessimiste. « Ça ne donne rien. À la fin d’une vie, je ne peux me plaindre de rien. Je reviens souvent à cette chose : né dans un milieu ouvrier, où il n’y avait pas de livres, je suis parvenu à la suite de décisions que j’ai prises, et aussi à cause des hasards de la vie, à découvrir ce qu’on appelle la culture. Et c’est ça qui m’a tenu éveillé, qui m’a servi tout au long de ma vie [...] de paravent contre une angoisse trop forte. »
« Il y a à peine quelques années, je disais encore que j’aimais beaucoup vivre et que j’aurais souhaité avoir trois vies — des trucs comme ça. Et j’étais sincère quand je disais ça. Mais ce n’est pas mon attitude actuelle. Je ne souhaite pas mourir, mais je ne souhaiterais pas continuer à vivre en souffrant. C’est le point où j’en suis actuellement. »
Il exprime sa gratitude envers la vie. « Ça aurait pu se dérouler beaucoup moins bien. Je dis merci. Et j’attends. »
Il écrit dans Il se fait tard avoir fait le tri dans ses CD, dans ses livres, dans ses photos. Et qu’il trouve difficile de les raccrocher à quelque chose qui aura un intérêt. Il donne un exemple. « Il fallait que je fasse ça. Il y a trois ou quatre ans, je regardais ma discothèque où il y avait 6000 CD. Je ne fais plus d’émissions sur le jazz : ça ne servait à rien, en réalité. Cette discothèque monstrueuse était plutôt le rappel de quelque chose qui n’existait plus. »
« Faire maison nette »
Depuis qu’il a écrit Il se fait tard, il a aussi détruit tout ce qu’il avait comme dossiers au sujet de ses livres. « Je conservais tout ça depuis 1963. Je me suis dit : ça ne sert à rien et ça va embêter mes enfants. J’avais le désir de faire maison nette. »