
Malgré une pénurie de personnel, de nombreux aspirants enseignants refusés à cause d'un manque de places Nouvelle maîtrise qualifiante en enseignement préscolaire et primaire
Le Journal de Montréal
En pleine pénurie de main-d’œuvre, on refuse à des centaines d’étudiants au dossier scolaire impeccable l’accès à la maîtrise qualifiante en enseignement, faute de places. Diplômée en droit et désirant ardemment devenir prof, Sophie* ne comprend pas qu’on lui mette des bâtons dans les roues.
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«Ça a pour effet de décourager des gens motivés à persévérer dans cette carrière-là», lance la jeune femme, très émotive, en entrevue.
Alors que le Québec manque cruellement d’enseignants pour nos enfants, seulement 225 des 940 candidatures soumises à la maîtrise qualifiante en enseignement préscolaire et primaire de l’Université de Montréal ont été retenues. Ce nouveau programme permet à des étudiants déjà diplômés dans divers domaines d’obtenir leur brevet après une formation accélérée en enseignement.
Mais Sophie fait partie des nombreux déçus. Après avoir obtenu sa maîtrise en droit, elle s’est vite aperçue que ce métier ne lui convenait guère. Une conseillère en orientation lui a confirmé ce qu’elle ressentait au fond d’elle-même depuis longtemps: sa vocation pour l’enseignement.
Répondant aux critères d’admission, la jeune femme était convaincue de pouvoir réaliser son rêve d’apprendre aux plus jeunes. D’ailleurs, depuis mars, elle avait testé ses aptitudes en tant qu’enseignante non légalement qualifiée, une autorisation spéciale accordée en raison de la pénurie de main-d’oeuvre.
«J’étais tout de suite passionnée», insiste-t-elle. Ce fut donc un choc lorsque sa candidature a été rejetée. «J’ai trouvé ça extrêmement difficile», admet Sophie. À contrecœur, elle s’est inscrite au baccalauréat en enseignement, qui lui prendra entre six et huit ans à temps partiel, car elle continue de prêter main-forte dans le réseau de l’Éducation. Un pénible retour en arrière pour une diplômée de la maîtrise qui doit refaire certains cours. «Ça m’arrive des fois de pleurer pour me dire, mais pourquoi c’est obligé d’être si exigeant?»
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