La ségrégation n’est pas une solution à l’itinérance
Métro
Dans le cadre d’une activité d’échanges entre les personnes candidates à la mairie de Montréal, un chef de parti a proposé la ségrégation des personnes en situation d’itinérance pour combattre cet enjeu social. Dans les propos rapportés sur le site de Radio-Canada, on y trouve un éventail de préjugés envers les personnes en situation d’itinérance. Nous croyons important de rectifier certains faits.
Non, l’itinérance n’est pas un choix de vie. Pour certaines personnes, il s’agit d’un choix dans un bassin limité tandis que pour d’autres il s’agit plutôt du résultat d’une série d’événements de désaffiliation sociale. Bien que l’on puisse observer certaines trajectoires similaires, le phénomène de l’itinérance est complexe et pluriel. Ainsi, que l’on parle des personnes aînées, jeunes, femmes, autochtones, racisées, trans* ou non-binaires, les parcours menant à l’itinérance sont uniques et les réponses à offrir doivent en tenir compte.
Or, l’idée avancée par M. Thibodeau qu’il est « impossible de sortir les sans-abri de la rue » repose sur une mécompréhension du phénomène. L’itinérance chronique, souvent la plus visible, est associée au stéréotype du clochard que l’on croise à l’extérieur des commerces ou dans l’espace public. La population itinérante, qu’elle soit de milieu urbain ou rural, est pourtant beaucoup plus diversifiée et peu « visible ».
Si le candidat estime « impossible » une sortie de la rue, c’est qu’il regarde ces personnes comme étant le problème. Elles ne le sont pas. Elles sont les symboles de causes bien plus grandes, mais surtout de notre incapacité faire des choix de société qui permettraient à toutes et tous de vivre selon leurs aspirations. Pour sortir de l’itinérance il ne faut pas « devenir quelqu’un de différent », comme nous suggère l’aspirant maire, mais (re)devenir soi-même. C’est à la société de s’assurer qu’elle est inclusive de tout son monde.