
Juste humains
Le Journal de Montréal
L’humanité est malmenée à plusieurs égards. Il faut y faire face, être en mode solution, s’indigner puis s’impliquer pour faire changer les choses. Il n’y a pas de petits gestes. C’est aussi important de souligner les bons coups, les avancées, l’évolution des mentalités. Réflexions, actions, tolérance et bienveillance sont au cœur de séries qui s’offrent à nous en guise d’inspiration.
Du journalisme de solutions, c’est le mandat que s’étaient fixé Émilie Perreault et Monic Néron avec ce magazine qui nous présente des gens animés par le désir de faire une différence dans notre société. Il y est régulièrement question d’environnement, d’autonomie et d’inclusion. Nos deux animatrices mettent en lumière des citoyens qui se sont mobilisés au profit d’une cause plus grande qu’eux pour le bien collectif. Faire son jogging en nettoyant les rues, exploiter une épicerie en vrac ambulante, partager une auto entre voisins sont de petites initiatives qui peuvent faire bien du chemin. La semaine dernière, la comédienne Danielle Proulx et sa sœur ont parlé de parrainage privé puisqu’elles ont accueilli en 2018 une famille syrienne qui a fui la guerre. Une expérience humaine aussi riche qu’essentielle.
Des histoires d’horreur ont écorché la DPJ et malheureusement des enfants ont souffert. Mais tous les cas ne sont pas les mêmes et on oublie trop souvent de souligner ce qui va bien. Dans cette série présentée sur Moi&cie cet automne, la journaliste Nancy Audet, elle-même une enfant de la DPJ, pose son regard sur des familles qui ont fait le choix d’accueillir et d’élever un enfant au début de vie bancal. On y suit cinq familles. Certaines ont vu des dizaines d’enfants passer, d’autres en ont plusieurs à la maison. Des gens dévoués, pleins d’amour et de bienveillance qui ne peuvent pas effacer le passé, mais qui peuvent marquer le présent et inspirer l’avenir. À travers leurs parcours, nous sommes témoins des défis comme des réussites, des obstacles à surmonter pour atteindre un niveau de confiance qui assure à chacun de s’épanouir. Beaucoup de résilience aussi. De belles familles qui se sont trouvées.
Vivre une expérience de dépassement de soi, c’est ce que propose Patrice Godin à ses quatre complices. Ensemble, ils participeront à l’ascension de cinq monts en cinq jours. Bien que plusieurs d’entre eux soient dans une forme athlétique, ils ne sont pas entraînés pour de telles escapades. Tout au long du périple qui s’avère difficile physiquement, nos cinq comparses se révèlent sans pudeur et laissent aller leurs émotions. Cette expérience dans les beautés de Charlevoix (1re saison avec Sébastien Delorme, Émily Bégin, Guillaume Lemay-Thivierge et Sabrina Cournoyer) et de la Gaspésie (2e saison avec Caroline Néron, Marie-Chantal Perron, Frédéric Pierre et Émile Bilodeau) prouve que de se dépasser et accomplir quelque chose qu’on croyait impossible peut donner des ailes.
Jean-Nicolas Verreault et sa conjointe Jannie-Karina Gagné ont trois filles nécessitant des besoins particuliers. Ils doivent conjuguer avec le TDAH, l’autisme, le syndrome Gilles de la Tourette, l’anxiété généralisée, le syndrome de Nager. Malgré le risque de chaos dans la maison, on y retrouve beaucoup d’amour et de patience. Jamais le ton ne monte. Le couple demeure solide et solidaire. Pour se donner du temps, seul ou à deux, ou un peu de répit, le couple entreprend dans la saison 1 de construire une minimaison dans sa cour. Jannie se démène comme pas une. Dans la saison 2, on veut élargir l’accès à des spécialistes aux enfants du coin. Jean-Nicolas et Jannie vont donc agrandir la maison pour y aménager l’espace nécessaire. Un projet de vie, mais aussi un projet pour autrui bâti autour de belles valeurs.
Cette série documentaire présente les parcours d’une douzaine de Québécois issus de l’immigration. Ils viennent d’Afghanistan, d’Israël, du Portugal, d’Iran, du Cambodge, d’Haïti, de Pologne, de la Côte-d’Ivoire et de plein d’autres coins de notre planète. On y parle de culture et d’enjeux de société. Certains ont bravé la lourdeur du système bureaucratique, d’autres sont carrément nés ici, mais tous sont habités par le même désir d’inscrire leur histoire dans celle du Québec d’aujourd’hui. Des rencontres authentiques en toute simplicité et pleines de bon sens.
Jean-Martin Fortier est jardinier maraîcher. Il est aussi un formidable vulgarisateur et un ambassadeur de l’autonomie alimentaire. Dans la première saison, il a aidé le couple Édith Cochrane-Emmanuel Bilodeau à aménager un jardin et un poulailler à leur maison de campagne. Un autre couple tout aussi dynamique s’est lancé dans la même aventure. Nous les retrouverons d’ailleurs dans la saison 2 qui se transporte en ville et qui mise davantage sur le zéro déchet. Nous y ferons aussi la rencontre d’un groupe de citoyens qui a instauré une ruelle verte. Une expérience humainement enrichissante qui permet de faire de petits pas pour la planète.
Marilou fait preuve d’une grande humilité en parlant de son propre parcours de femme d’affaires qui comprend des écueils, un burnout, une prise de conscience pour un meilleur équilibre. On ne valorise pas suffisamment l’entrepreneuriat, mais surtout on garde encore trop souvent certaines de ses facettes taboues. Trois fois par jour a 10 ans. Pour Marilou, cette série permet de faire le bilan, mais surtout de parler de l’espace qu’on doit se laisser pour se ressourcer, des valeurs qu’on veut insuffler, de la place qu’on fait aux autres, de confiance, de la douleur qui vient avec l’échec, mais qui apprend à se reconstruire.
Dès que j’ai l’occasion de parler de cette charmante série, j’en profite. On gagne tous à découvrir l’autre et ce qu’il a à offrir. La race humaine a tellement de couleurs, de nuances, de façons de faire, de voir, de vivre, de traditions, qu’il faut la célébrer. C’est ce que fait l’animatrice Sophie Fouron en entrant dans ces petits microcosmes que sont les salons de coiffure. C’est l’occasion de mieux connaître toutes les communautés culturelles qui forment le Québec. Le contexte est intime et décomplexé. L’ambiance est chaleureuse. Les habitudes capillaires deviennent un prétexte pour parler de la famille, des valeurs, des relations hommes femmes, d’identité, de solidarité, d’ambition. De tout ce qui nous rassemble et nous différencie.

Il y a un an, Donald Trump s’invitait à la cérémonie des Oscars en fustigeant sur les réseaux sociaux son animateur, Jimmy Kimmel. Douze mois plus tard, alors que le 47e président des États-Unis a récemment promis de «ramener l’âge d’or d’Hollywood», son ombre planera plus que jamais sur la 97e édition de la grand-messe du cinéma américain.