
Intelligence artificielle en musique: l’IA ne pourra pas remplacer nos vedettes et nos émotions
Le Journal de Montréal
Des plateformes de composition de chansons aux logiciels permettant d’usurper la voix d’artistes, l’intelligence artificielle est déjà bien installée dans le monde de la création musicale. «On ne peut pas reculer. L’IA est dans la musique», tranche l’auteur et conférencier Michel Rochon.
Il y a quelques années seulement, l’IA occupait encore une place marginale dans l’industrie de la musique aux yeux du public. Déjà utilisée dans les processus de production, entre autres pour la mastérisation, elle a été démocratisée lorsque des sites web gratuits de composition ont fait surface.
En effet, certains logiciels permettent de créer des chansons ou des mélodies en quelques secondes avec de simples directives, telles que «Crée une chanson rock dans le style de Bon Jovi» ou bien «Crée une chanson jazz évoquant le deuil».
D’autres outils permettent d’apposer la voix d’un artiste sur un morceau qu’il n’a jamais chanté. En deux temps, trois mouvements, il est ainsi possible de générer une reprise d’une chanson des Cowboys Fringants par Michael Jackson, par exemple. Le rappeur Drake s’était d’ailleurs attiré les foudres du public lorsqu’il a utilisé ce procédé avec la voix de Tupac Shakur, et ce, sans le consentement de la famille du regretté artiste assassiné en 1996.
Avec l’IA, le monde de la musique vit une profonde mutation. «En 2022, le marché de l’IA en musique, c’était 229 millions $, explique Michel Rochon. En 2032, ça va être 2,3 milliards $.»
En effet, l’IA est incapable de reproduire l’aspect le plus évocateur de l’art: l’émotion. Du moins... pour le moment.
«Les petites retenues, les petites inexactitudes, les petits défauts, et le contrôle que l’artiste fait pendant une performance, la machine, elle, ne peut pas encore le faire. Mais les [compagnies d’IA] disent qu’elles vont coder des algorithmes pour ça.»
L’enjeu devient alors beaucoup plus large. Pourquoi la musique nous touche-t-elle? Parce qu’elle est imparfaite, viscérale et propre à la personnalité de son créateur, croit le directeur de la recherche et des affaires publiques de l’ADISQ, Simon Claus.

Il y a un an, Donald Trump s’invitait à la cérémonie des Oscars en fustigeant sur les réseaux sociaux son animateur, Jimmy Kimmel. Douze mois plus tard, alors que le 47e président des États-Unis a récemment promis de «ramener l’âge d’or d’Hollywood», son ombre planera plus que jamais sur la 97e édition de la grand-messe du cinéma américain.