Influenza aviaire et poules urbaines
Le Journal de Montréal
Le retour des oies des neiges et des bernaches du Canada, annonciateur du printemps, est une belle nouvelle. Toutefois cette année, certains de ces gros oiseaux migrateurs sont arrivés ici, tel un cheval de Troie, avec le virus de l’influenza aviaire hautement pathogène (IAHP). Les propriétaires de poules urbaines doivent-ils s’en inquiéter ?
Le virus de l’influenza aviaire est présent naturellement chez les oiseaux sauvages, mais surtout chez les espèces aquatiques telles qu’oies, canards et goélands. Ces oiseaux sauvages peuvent introduire et propager le virus tout au long de leurs trajets migratoires. Or, la souche du virus de l’IAHP qui circulait déjà en Europe depuis 2020 vient tout juste d’arriver chez nous de cette façon. Des cas d’IAHP (sous-type H5N1) ont été confirmés chez des oiseaux migrateurs, en Montérégie. Et ça va se répandre !
Bien sûr, il y a un risque pour la volaille domestique qui, contrairement aux oiseaux sauvages, est plus sensible à ce virus qui peut causer des symptômes sévères (abattement, perte d’énergie, diminution de la production d’œufs, etc.) ainsi que des mortalités. Les conséquences peuvent être dévastatrices pour l’industrie qui se protège d’ailleurs avec des mesures de biosécurité rigoureuses. Mais qu’en est-il des poules urbaines ?
Éviter les contacts
Dans un milieu typiquement urbain, le risque de transmission est faible, car les chances qu’un canard ou une oie sauvage contamine des poules urbaines sont faibles, rapporte le Dr Jean-Pierre Vaillancourt, médecin vétérinaire, professeur titulaire à la Faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Montréal et spécialiste de la biosécurité dans les fermes et des stratégies de contrôle des maladies infectieuses à déclaration obligatoire. Cela dit, éventuellement, n’importe quel oiseau sauvage pourrait être atteint et contaminer les poules urbaines alors il faut être vigilant et responsable.
Il faut savoir que le virus, excrété dans les fientes et les sécrétions des oiseaux infectés, se retrouve dans l’environnement pour ensuite être transporté physiquement par les oiseaux eux-mêmes, par les humains (via leurs souliers ou leurs mains) ou par du matériel contaminé pour ensuite infecter nos oiseaux.
La première chose à faire actuellement est donc de garder les poules en confinement et, si ce n’est pas possible, en enclos. Pas de poules en liberté, car c’est trop risqué. Il faut aussi éviter à tout prix tout contact entre les oiseaux sauvages et les poules. Il ne faut surtout pas attirer les oiseaux sauvages. Par exemple, l’eau et la nourriture des animaux domestiques devraient être distribuées à l’intérieur. Pour décourager les oiseaux sauvages de se mêler à la basse-cour à l’extérieur, on peut aussi installer un filet mou au-dessus de l’enclos et assécher le plan d’eau des oiseaux domestiques.
Est-ce qu’on doit oublier les mangeoires pour les petits oiseaux ? Encore une fois, si on a des poules, on évite d’attirer les oiseaux sauvages. C’est une question de biosécurité.
Si peur et plaisir ne semblent pas spontanément aller de pair, de nombreuses personnes raffolent pourtant des films d’horreur ou encore des sports extrêmes d’hiver, par exemple. Sans oublier ces montagnes russes toujours plus vertigineuses qui, chaque été, attirent les foules. Comment expliquer qu’autant de gens semblent parfois vouloir avoir peur ?