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Dire au revoir à la famille
Le Journal de Montréal
Dans 10 jours, il sera temps de dire adieu aux Boudrias que nous suivons depuis cinq saisons dans L’heure bleue. Nous avons assisté à leur reconstruction et avons vu leur détresse et leur bienveillance. Regard sur une famille qui a traversé bien des étapes qui lui ont permis d’évoluer et de grandir.
« La reconstruction a été majeure, confirme Anne Boyer, coautrice et coproductrice de L’heure bleue. Clara était prise dans toute sorte de choses, Anne-Sophie a choisi de tout mettre derrière elle alors que pour Bernard, ça devait être l’inverse, il s’est préoccupé de ses responsabilités. Ils ont réussi à avoir des parcours qui les libèrent. »
L’heure est au bilan en analysant le chemin parcouru par les principaux protagonistes.
« Ce dont je suis heureuse, c’est d’avoir réussi à rendre sympathique quelqu’un qui a abandonné sa famille. Le public a développé une affection pour Anne-Sophie. Il a compris que pour sauver les autres il fait d’abord se sauver soi-même. On a cherché à comprendre toutes les réactions possibles. Aucune n’est fondamentalement mauvaise. Bernard a retrouvé son humanité, celle qui l’habitait avant qu’il devienne père de famille, chef d’entreprise. C’est un virage à 180°. Clara a eu un cheminement particulier. Elle est tombée enceinte, a songé à l’adoption, a décidé de garder le garçon. Elle se rapproche de Xavier. Le pardon fait des miracles. Ce n’était pas un meurtrier. Normand et Pauline, couple improbable s’il en est un, forme un couple fort. Raphaël vit une sorte de rédemption. Il arrive à faire sa vie seul. Les colocs vont tous finir leurs études. Jules est le premier à se trouver du travail. Michel ressent d’éternels papillons pour Carole. »
Une belle analogie
Éternels optimistes, Michel D’Astous et Anne Boyer nous avaient promis une ultime saison lumineuse. Pas question pour eux de laisser des personnages en détresse.
Alors qu’un nouveau jour se lève pour tous les membres de la famille Boudrias, le titre L’heure bleue prend tout son sens. « L’heure bleue se produit en fin de journée, moment où Guillaume a perdu la vie dans la première saison. C’est aussi celle du matin qui est effectivement une belle analogie », exprime l’autrice et productrice.
Clara a traversé son adolescence pendant ces cinq années avec tous les tumultes que ça implique. Y a-t-il un moment où tu aurais eu envie de lui donner un conseil ?
Dès la première saison, alors qu’elle entrait au secondaire, qu’elle avait perdu son frère, peu de gens la comprenaient. Elle était seule et réagissait avec beaucoup de colère. Les adultes ne l’épaulaient pas beaucoup. Même le public tenait des propos durs à son égard. Mon travail comme comédienne était de la comprendre, d’avoir de l’empathie. Elle a vécu beaucoup d’événements en peu de temps pour une ado. Des émotions auxquelles je ne pouvais pas me coller. Si j’avais pu lui donner un conseil, je lui aurais fait voir une autre manière de vivre ses émotions que par la rébellion.