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Danielle Fichaud enseigne le jeu
Le Journal de Montréal
OULLINS | Dans la classe où elle enseigne le jeu à de jeunes comédiens à Oullins, en banlieue de Lyon, la Québécoise Danielle Fichaud, en lice pour un César vendredi, a instauré deux règles de base : à part elle, personne n’a le droit de faire des blagues et le « oui, mais » est interdit.
Discipline militaire ? Pas du tout. La bonne humeur et les éclats de rire étaient plutôt la norme, vendredi dernier, lors de notre passage à la Maison des jeunes et de la culture d’Oullins (MJC), où dix comédiennes étaient attentives à la moindre remarque de Danielle Fichaud.
Ce jour-là, la formation était axée sur l’art de la mise en scène. Assise sur une chaise, la vedette du film Aline guidait une apprentie réalisatrice qui, elle-même, devait diriger une scène impliquant quatre comédiennes.
« Expirez toujours sur le décompte 3-2-1, lance Mme Fichaud à ses élèves. Notre travail est de s’assurer que les comédiens ne soient pas en apnée. Il faut installer la détente au lieu de la performance. »
Peu après, en analysant un cadrage sur un écran de téléphone, elle déclare que c’est « une image de marde », provoquant l’hilarité dans la salle.
C’est un enseignement à la québécoise, dit celle qui, depuis 2017, passe une partie de ses hivers au cœur de la région Rhône-Alpes pour y partager le savoir de son école d’art dramatique, fondée en 1988, à Montréal.
Danielle Fichaud, qui ne manque pas de signaler qu’elle a compté parmi ses élèves Marie-Josée Croze et Charlotte Le Bon, valorise le côté humain. Pour elle, toutes les personnes présentes sur un plateau sont importantes, tant les simples techniciens que les figurants.
À ses élèves, elle a cité en exemple Janette Bertrand, qui avait l’habitude de donner un curriculum vitæ pour tous les personnages, même les petits rôles et les figurants, à l’époque de L’amour avec un grand A.
« C’était hallucinant à quel point il y avait de la vie derrière au lieu de juste des poteaux de téléphone », leur a-t-elle fait valoir.