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«Ça se règle avec une balle»: retour sur le règne du redoutable parrain des gangs, Gregory Woolley
Le Journal de Montréal
Gregory Woolley a été tué par balles, le 17 novembre dernier, en face d’un CLSC de Saint-Jean-sur-Richelieu, devant sa conjointe et leur bébé. Jeudi, notre Bureau d’enquête révélait que le chef de gang a vraisemblablement été victime d’une purge interne parce qu’il serait l’un des principaux commanditaires allégués des meurtres et des complots que le tueur à gages Frédérick Silva a confessés aux policiers depuis qu’il a entrepris de collaborer avec les autorités en 2022. Retour aujourd’hui sur la carrière criminelle percutante de l’un des plus redoutables leaders du crime organisé au Québec, grâce à des documents judiciaires dont notre Bureau d’enquête a eu accès.
Calmement assis, les mains jointes sous son menton, Gregory Woolley s’efforce de rester silencieux et impassible, en ce début d’après-midi du 19 novembre 2015.
À 5h58 ce matin, l’enquêteur Steve Girard l’a tiré du lit en sonnant à la porte de sa résidence cossue à Saint-Hubert. Woolley est allé lui ouvrir, vêtu seulement d’un caleçon avant d’être mis en état d’arrestation. Une quarantaine d’autres suspects ont également été appréhendés comme lui dans l’opération.
Confiné dans une petite salle d’interrogatoire et mitraillé de questions, Woolley n’a pas ouvert la bouche depuis qu’on l’a escorté au quartier général de la Sûreté du Québec, il y a maintenant six heures.
C’est à peine s’il a croisé le regard de ce policier expérimenté qui lui parle sur un ton familier en l’appelant Greg. Girard a cru bon de lui rappeler qu’un des faits saillants de sa carrière est d’avoir aidé à coincer le tueur à gages Gérald Gallant, devenu délateur après avoir tué pour le compte des ennemis des Hells Angels pendant la guerre des motards qui a fait plus de 160 morts au Québec à la fin des années 90.
Girard sait bien que Woolley a une sainte horreur des criminels qui snitch des renseignements à la police pour se négocier des avantages. Il sait aussi que Woolley a déjà été enregistré, alors qu’il travaillait pour les Hells, dire à un supérieur de ne «jamais faire d’arrangement avec la Couronne».
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Une personne très proche de moi venait de mourir. Alors que je parlais avec un collègue psychologue, je n’ai pas pu m’empêcher de pleurer... et je me suis aussitôt empressée de m’excuser. J’ai alors eu droit à une réplique sans appel de sa part: «Ah non! Non!», m’a-t-il répété. Sa réponse m’a fait un grand bien, et j’y repense souvent. Il a refusé mes excuses, soulignant que mes émotions étaient non seulement légitimes, mais qu’elles s’exprimaient de la meilleure façon qui soit. La mort de cette personne m’avait profondément affligée, et il n’y avait aucune raison d’être gênée d’éprouver cette tristesse.