Vous souvenez-vous du… Suzuki X-90?
Le Journal de Montréal
Au cinéma, le mélange des genres produit parfois de grands films. Une comédie de science-fiction? Retour vers le futur! Une saga criminelle historique? Le Parrain! Mais le plus souvent, cela génère des films bancals qui n’avaient l’air de bonnes idées que sur le papier. Un peu comme si Forrest Gump rencontrait Terminator… Dans le monde de l’automobile, c’est pareil. Et le Suzuki X-90 fait incontestablement partie de la seconde catégorie.
Pour comprendre les origines du X-90, il faut remonter à 1970. À ce moment, le constructeur lance le Jimny au Japon. Il s’agit d’un petit 4x4 qui embarque un minuscule moteur de 360 cm3. Au fil des années 70, les ventes du Jimny se développent à l’export (avec des moulins de plus forte cylindrée), y compris au Canada à partir de la fin de 1980. Toutefois, le vrai succès mondial arrive avec la seconde génération, dévoilée en 1981. Le Jimny aura de nombreux noms à travers le globe (Drover, Gipsy, Katana…), chez nous ce sera Samurai. Doté d’une technologie « agricole » (châssis séparé, essieux rigides avant et arrière), il séduit pourtant grâce à une bouille charmante, ses aptitudes hors route de haut niveau et un prix raisonnable. Mais c’est de son grand frère dont nous allons maintenant parler.
Face au succès du Jimny/Samurai, Suzuki perçoit l’intérêt de développer un véhicule plus gros, mieux motorisé et avec de meilleures aptitudes routières. La marque lance l’Escudo au Japon, en 1988 . Lui aussi aura plusieurs dénominations à travers le monde (notamment Vitara) et sera vendu chez nous comme les Suzuki Sidekick, Chevrolet Tracker et Asüna à partir de 1989, remplaçant directement le Samurai (qui continuera sa carrière dans de nombreux autres pays et qui en est à sa quatrième génération aujourd’hui).
Par rapport au Samurai, le Sidekick a un plus grand empattement, est plus, possède un plus gros moteur (1,6 L 80 chevaux) et peut recevoir en option une boîte automatique à 3 rapports. Le châssis est toujours à échelle mais le train avant est maintenant à roues indépendantes. De plus, il est fabriqué dans la nouvelle usine CAMI d’Ingersoll, en Ontario, fruit d’un partenariat 50/50 entre Suzuki et GM (Suzuki revendra ses parts à GM en 2009). Le Sidekick recevra une version 4 portes en 1992, le Chevrolet Tracker deviendra Geo Tracker en 1994 et le Sunrunner portera le logo Pontiac à partir de 1996. Tout cela pour dire que, quelle que soit la marque, le petit utilitaire développé par Suzuki se montre très populaire.
C’est face au succès planétaire des Samurai et Sidekick que Suzuki envisage de faire évoluer la gamme. Mais dans quel sens? Pourquoi pas vers les plus jeunes? Histoire de tâter le terrain, le manufacturier dévoile un concept au Salon de Tokyo 1993. La réaction enthousiaste du public emporte la décision de Suzuki de développer un modèle de série. Le X-90 est présenté au Japon fin 1995 et début 1996 dans le reste du monde.
Il s’agit en fait d’un Escudo restylé avec des lignes plus bulbeuses, doté d’un toit « T-Top » alors que le hayon a disparu au profit d’un coffre classique, ce qui le transforme en un strict biplace. Techniquement, il est équipé du 4 cylindres G16B 1,6 litre 16 soupapes de 95 chevaux apparu dans le Sidekick 4 portes en 1992. Il peut recevoir au choix une boîte manuelle à 5 rapports ou une automatique à 4 rapports et est disponible en deux ou quatre roues motrices (avec boîte de transfert à deux rapports).
Les anniversaires sont généralement un bon moment pour regarder dans le rétroviseur et se remémorer certains souvenirs. Je suis arrivé au Guide de l’auto en tant que rédacteur en chef du livre en novembre 2019. Cela fait donc une demi-décennie que j’ai le privilège de travailler pour l’ouvrage automobile préféré des Québécois.
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