Vos lingettes désinfectantes bloquent les égouts!
TVA Nouvelles
Les lingettes désinfectantes jetées en grand nombre dans les toilettes depuis le début de la pandémie font vivre l’enfer aux municipalités aux prises avec de dispendieux bris d’équipement. On parle d’équipements pour le traitement des eaux usées, sans compter des égouts bloqués.
«Une toilette, ce n’est pas une poubelle. [...] On n’y met que le papier de toilette. Rien d’autre», souligne Christiane Pelchat, présidente et directrice générale de Réseau Environnement, un organisme qui travaille avec les municipalités pour les assister dans ce dossier.
Selon elle, la problématique des lingettes humides, déjà présente avant la pandémie, a explosé depuis que celle-ci a commencé à frapper en mars 2020. Elle est actuellement la pire des problématiques environnementales auxquelles font face les municipalités avec lesquelles son organisme collabore.
«Quatre-vingt-dix pour cent de nos municipalités membres sont aux prises avec ce problème majeur. Juste pour Montréal, avant la pandémie, c’est 400 000 $ de réparation par année», déplore-t-elle.
Christiane Pelchat accuse les fabricants de ces lingettes de tromper les consommateurs. «Sur certaines boîtes, c’est marqué “flushable” et/ou recyclable. Ce qui est recyclable, c'est le contenant seulement. Pas les lingettes. C’est faux. Y’a même [eu] un recours collectif contre Kimberly-Clark aux États-Unis à cause de ça», explique-t-elle.
La semaine dernière, à Boisbriand, sur la couronne nord de Montréal, une équipe d’experts a dû intervenir pour déboucher des égouts bloqués, a-t-on appris dans le cadre de la préparation du présent article. «Les tuyaux d’égout sont gras et les lingettes vont s’y coller et s’accumuler. C’est un gros problème et on essaie de sensibiliser les citoyens», explique Stéphanie Raymond, porte-parole de la Ville.
Plus à l’ouest, à Sainte-Marthe-sur-le-Lac, un panneau installé à l’entrée de la municipalité rappelle en grosses lettres l’interdiction de jeter des lingettes, et d’autres objets, dans les toilettes. La mairesse, Sonia Paulus, à qui nous avons parlé, dit que «les citoyens doivent comprendre». «On ne jette pas les lingettes pour les bébés non plus. On a dû changer de nombreux moteurs dans les étangs de brassage. Cela coûte cher. Ce sont les citoyens qui payent.»
La problématique est répandue à travers la province et le gouvernement de Québec fait l’objet de pressions pour qu’une solution soit trouvée, pour que les fabricants soient forcés de clarifier leurs instructions sur les boîtes de lingettes.
Contacté pour commenter la situation, le cabinet du ministre de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, Benoit Charette, nous a assuré que «le ministre [...] est au fait des problèmes causés par le rejet des lingettes aux systèmes de traitement des eaux usées». «Des discussions sont en cours notamment avec le ministère des Affaires municipales et de l’Habitation afin d’évaluer les solutions pour y remédier», a ajouté son attachée de presse, Rosalie Tremblay-Cloutier.