
Voici pourquoi le Canada songe à intégrer le bouclier antimissile américain
Radio-Canada
Contrairement aux États-Unis, le Canada n’est pas équipé pour intercepter des missiles. Et si Vladimir Poutine devait envoyer un missile intercontinental en notre direction, les Américains ne seraient pas obligés de nous défendre.
La raison en est simple : le Canada n’a jamais adhéré au programme de défense antimissile américain. Mais l’invasion de l’Ukraine par la Russie change la donne et amène Ottawa à réévaluer sa politique en matière de défense intercontinentale, y compris sa position à propos du bouclier antimissile américain.
Cette technologie a été déployée sous George W. Bush peu après les attentats du 11 septembre 2001. Le président américain s’était inspiré d’un ambitieux projet mort-né d’un de ses prédécesseurs, Ronald Reagan. Celui-ci avait eu l’idée, dans les années 1980, de créer un bouclier au-dessus des États-Unis avec des missiles intercepteurs qui auraient été installés dans l’espace à bord de satellites.
Ce projet n’a jamais vu le jour parce que, techniquement, ce n’était pas faisable à l’époque. Cela aurait été beaucoup trop coûteux : on ne pouvait pas le réaliser. Mais l’idée a germé, relate Jonathan Paquin, professeur de science politique à l’Université Laval.
Après la destruction des tours jumelles à New York, le président Bush a décidé d’aller de l’avant avec un projet similaire mais qui devait comporter des missiles intercepteurs installés au sol et à bord de navires dans l’Atlantique et dans le Pacifique plutôt que dans l’espace.
Au sol, on trouve ces intercepteurs sur la côte est des États-Unis, tout particulièrement à Cape Cod, dans le Massachusetts, ainsi que dans l’ouest, en Californie, selon M. Paquin. Il n'y en a pas au Canada.
Ces missiles intercepteurs fonctionnent de pair avec un système de satellites radars. Si un missile ennemi conventionnel était lancé vers le continent nord-américain, un radar le détecterait, estimerait son point d'impact et déclencherait, au besoin, le tir d'un missile intercepteur pour le détruire en vol.
« C’est un peu comme si les Américains avaient mis au point un programme militaire qui permettrait, avec une balle de fusil, de frapper une autre balle de fusil en plein vol. C’est de la haute voltige technologique et c’est extrêmement coûteux. »
Comme les États-Unis formaient déjà une alliance de défense intercontinentale avec le Canada depuis la guerre froide, le Commandement de la défense aérospatiale de l’Amérique du Nord (NORAD), les Américains ont rapidement consulté Ottawa à savoir s’il accepterait de participer au bouclier antimissile.