Visite historique au Vatican : Des excuses et des gestes concrets demandés
TVA Nouvelles
Lors d’une visite historique à Rome pour rencontrer le Pape, une délégation autochtone demande des excuses et des gestes concrets de la part du Vatican.
Deux premiers groupes ont pu s’entretenir en privé avec le Pape François, lundi, au Vatican. Les délégations inuit et métisses comptaient 8 membres parmi lesquels on retrouvait des leaders autochtones, mais aussi des survivants des pensionnats. Ils réclament des excuses officielles, une reconnaissance des torts causés aux autochtones, mais également des actions concrètes.
Les délégués autochtones et les évêques canadiens présents aux rencontres estiment que le Pape François a fait preuve d’une réelle écoute, surtout en accueillant les témoignages des survivants des pensionnats. Ces derniers ont pu témoigner de leur vécu ; le déracinement, la perte de la langue et de la culture, les sévices physiques et sexuels. Des rencontres émotives, mais nécessaires jugent les leaders qui ont qualifié de véritables héros les survivants.
La délégation réclame notamment qu’un accès illimité aux archives concernant les pensionnats autochtones gérés par l’Église. Au Canada, 150 000 enfants autochtones ont fréquenté ces lieux, et selon le Centre national pour la vérité et la réconciliation, plus de 4000 y ont perdu la vie.
«Nous avons besoin de savoir où étaient nos familles lorsqu’ils ont pris les enfants. Où les enfants ont-ils été amenés ? Lesquels ne sont jamais rentrés à la maison ? Pour l’instant, nous n’avons pas accès à ces informations, car elles sont protégées par l’Église. Nous voulons donc obtenir un accès complet à ces documents ainsi qu’à nos artéfacts qui sont conservés à Rome, au Vatican. Il s’agit de notre histoire», a expliqué Cassidy Caron, présidente du Ralliement national des Métis.
Le président de l’Inuit Tapiriit Kanatami (ITK), Natan Obed, y est allé d’une demande directe au Pape François. Il souhaite que ce dernier intervienne personnellement dans le dossier d’un présumé prêtre pédophile, Johannes Rivoire, qui a vécu au Nunavut des années 1960 aux années 1990.
L’oblat aurait agressé sexuellement de nombreux enfants inuits. Un mandat d’arrestation pesait contre lui en 1998, mais plus de deux décennies plus tard, il est toujours un homme libre. Le présumé agresseur vit en France. Le leader inuit demande au Pape d’exiger qu’il rentre au pays pour faire face à la justice.
«Cette nouvelle relation de réconciliation doit être basée sur des actions et des buts communs. C’est une réalité difficile ! Des personnes auraient dû être traduites devant la justice, il y a des décennies, alors que certaines victimes qui ont été agressées, elles, sont mortes avant d’avoir obtenu justice», a déclaré Natan Obed.
Les membres de la délégation souhaitent également que le Pape François prononce des excuses officielles, mais, idéalement, à l’endroit même où tant d’autochtones ont souffert, soit au Canada. «Je l’ai invité à venir au Canada. Je crois que ce serait approprié et plus symbolique pour les survivants des pensionnats et pour leur famille. Les pensionnats ont aussi causé des torts aux générations qui ont suivi», a expliqué Martha Greig, une Inuite de Kuujjuaq, survivante des pensionnats.