Violetta et Ivan, des ambassadeurs ukrainiens sur glace
Radio-Canada
Sur la glace, en banlieue de Toronto, ils sont une douzaine de couples de patineurs à enchaîner les tours. Les regards sont fermés, aussi sérieux que l’on puisse être lorsqu’on tente des figures périlleuses, des pirouettes et des jetés avec une tolérance à l’erreur minimale. Les gestes ont la grâce de ceux qui se sont affranchis de la technique pour laisser exprimer leur personnalité.
Parmi les patineurs, Ivan et Violetta sont des anonymes, si ce n’est qu’un détail attire l’œil, le pull jaune vif du jeune homme. Au dos, en bleu et en majuscule : Ukraine.
Ils s’ajustent sous les yeux de Filip, leur entraîneur, traquant les petits détails qui peuvent faire basculer une décision arbitrale, applaudissant lorsqu’il s’estime satisfait.
Pour le reste, ce sont deux jeunes adolescents parmi d’autres, essayant de faire de leur mieux dans cette ultime répétition avant de s’envoler pour Calgary, où les attendent les Championnats du monde juniors de patinage artistique.
Difficile d’imaginer à quel point leur vie est si éloignée de celle de leurs comparses, avec qui ils partagent la patinoire.
« On est partis sans notre matériel, on n’avait même pas nos tenues »
Depuis le début de la guerre, Violetta Sierova, 16 ans, et Ivan Khobta, 19 ans, ont quitté leur Kyiv natal, vécu l’exil en Suède, puis en Italie, pour s’établir enfin en Allemagne depuis juillet dernier. Je vis avec ma mère et mon chien, nous confie Violetta. Son regard s’illumine lorsqu’elle nous parle de Sima, son petit Jack Russell, cousin du désormais célèbre Patron, chien renifleur et héros de la nation décoré par Volodymyr Zelensky.
Ivan vit seul, avec comme voisin de palier son entraîneur, dans un centre d’hébergement pour sportif à Chemnitz, petite ville de 200 000 habitants au sud de Berlin. La mère et la sœur d’Ivan sont restées en Suède, où la première a trouvé un emploi. Ses journées sont rythmées par les entraînements et les cours par correspondance à l’université.
On y est bien, confie Filip Zalevski, on voyage beaucoup pour les compétitions et c’est une ville facile d’accès.