Violence armée : quand le crime « désorganisé » tente d’imposer sa loi
Radio-Canada
Le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) le reconnaît ouvertement : le sentiment d'impunité chez les jeunes les incite à glorifier les armes à feu. De plus en plus de jeunes, sans forcément avoir d'antécédents judiciaires, sont tentés de porter une arme de poing sur eux, au même titre que leur cellulaire.
La police, on est les leaders en sécurité publique. On fait de la prévention et de la répression. Mais pour combattre cette glorification des armes à feu, il nous faut des partenaires dans la communauté. Parce qu'une chose est certaine : une culture de violence, la police n'est pas capable de mettre ça en prison, dit d'entrée de jeu Sébastien de Montigny, inspecteur-chef au Service de gendarmerie Nord-Est et responsable de la stratégie de lutte contre la violence armée au SPVM.
En date de la publication de cet article, on ne compte pas moins de 177 événements liés à des armes à feu dans la métropole depuis le début de l'année 2021. Du jamais-vu.
Il s'agissait, dans chaque cas, d'un meurtre, d'une tentative de meurtre ou d'une décharge d'arme à feu. La police relie la très grande majorité de ces agressions aux gangs de rue criminels.
C'est une sorte de criminalité qui est très imprévisible. La violence est spontanée. Quand on parle de gangs de rue criminels, on parle de crime désorganisé. Un rien peut causer une escalade menant à la mort, explique le haut gradé.
Le portrait des gangs de rue est devenu complexe. Avec la nouvelle génération, les allégeances aux diverses factions d'un gang relèvent du passé.
Le portrait des forces en présence a beaucoup changé sur le terrain. Les informations que l'on avait d'eux il y a à peine cinq ans ne tiennent plus, explique l'inspecteur-chef.
Auparavant, on parlait souvent de bleus contre des rouges, mais ce n'est plus le cas. Nos renseignements nous indiquent que l'on voit désormais des bleus avec des rouges. On voit des gens criminalisés de différents quartiers, autrefois rivaux, qui transigent pour faire des affaires.
« On voit des alliances entre factions de gangs de rue qui sont éphémères. Quand ces alliances-là se brisent, on parle de divorces instantanés, mais qui peuvent être très violents. »