Vice, BuzzFeed : crise existentielle pour les nouveaux médias d’information
Radio-Canada
Fermeture de BuzzFeed News, possible faillite pour Vice Media : plusieurs jeunes médias d'information sont coincés entre un marché publicitaire difficile, le tarissement des sources de financement et l'impatience des investisseurs.
BuzzFeed a annoncé, à la fin d'avril, la clôture du site BuzzFeed News, pendant journalistique de cette figure de la nouvelle économie des médias, avec 180 licenciements à la clé.
Quant à Vice, il va supprimer son émission phare, Vice News Tonight, ainsi que plus de 100 postes, et se prépare, selon plusieurs médias américains, à se déclarer en faillite.
Les deux groupes ont des profils différents, mais ont en commun de s'appuyer en grande partie sur la publicité, quasiment intégralement pour BuzzFeed.
Or, avec la dégradation de la conjoncture économique, le marché publicitaire s'est tendu et une part de plus en plus importante, aujourd'hui supérieure à 70 %, en est captée par les géants technologiques comme Google et Facebook.
Le modèle gratuit qui consiste à générer beaucoup de trafic et à vendre de la publicité sur cette base n'a pas fonctionné aussi bien qu'on espérait, analyse Rick Edmonds, de l'institut de recherche sur le journalisme Poynter.
C'est la fin du mariage entre les réseaux sociaux et l'information, a dit au New York Times Ben Smith, ancien rédacteur en chef de BuzzFeed News.
Au tournant des années 2010, Vice et BuzzFeed ont incarné, au même titre que The Daily Beast ou le Huffington Post, une nouvelle génération de médias d'information entièrement en ligne qui ambitionnait de bousculer les grands médias en place.
Ils ont attiré des montants énormes des investisseurs, qui se sont raconté un conte de fées, à savoir que si [ces plateformes] arrivaient à créer autant de trafic, il devait y avoir un moyen de le monétiser, fait valoir Dan Kennedy, professeur à l'Université Northeastern.