
Vétéran: du treillis à la rue
Métro
L’expérience militaire laisse parfois des cicatrices invisibles à l’œil nu.Portrait d’un vétéran qui a connu l’itinérance, avant de se faire aider, pour trouver sa place parmi les civils.
C’est à 17 ans que Luc, âgé aujourd’hui de 55 ans, s’est enrôlé dans les Forces armées canadiennes.Rapidement, il rejoint le corps de fantassins et intègre en 1983 le prestigieux corps d’élite.
Lui et ses hommes sont déployés pour de nombreuses missions liées à des conflits géopolitiques. Deux fois durant six mois en Bosnie-Herzégovine, au Moyen-Orient et en Afrique.
«Là-bas j’ai vu ce que l’être humain est capable de faire de pire, et qu’il peut descendre très bas», annonce le vétéran, qui replonge dans les fantômes de son passé.
«Il y a des choses que je n’ai pas le droit de dire, précise Luc, mais il y a une fois en intervention où je suis rentré dans une église, et il y avait des gens crucifiés aux murs.Un collègue s’est mis à trembler, et on le lui a reproché en lui faisant comprendre qu’il n’était pas fait pour ça.»
Luc se souvient aussi de la première fois qu’il a dû ôter la vie à quelqu’un.«C’était un couple de terroristes. Je devais négocier avec eux, mais j’ai vite compris qu’il n’y aurait pas de négociation.»
«On est formé pour ça, et tant qu’on est dans le feu de l’action, ça va. C’est quand ça se calme que les images horribles reviennent», précise le vétéran.