Unité débordée, TSO, pénurie de personnel : des infirmières en pédiatrie à bout de souffle
Radio-Canada
Alors que les pédiatries débordent de patients dans la province, une assistante-infirmière-chef du CIUSSS de l'Estrie - CHUS lance un cri du cœur. Sylvie Tanguay affirme que les conditions de travail sont très difficiles, et qu'il y a à peine suffisamment de personnel pour répondre aux besoins réguliers de cette unité.
Comme il n’y a que quatre unités de soins intensifs pédiatriques au Québec, l’hôpital sherbrookois est régulièrement appelé à soigner des patients d’autres régions. Avec la vague d'infections respiratoires qui touche les jeunes enfants, le CIUSSS se voit sollicité davantage. Selon le Dr Yannick Poulin, intensiviste au CIUSSS de l'Estrie - CHUS, certains virus inexistants depuis deux ans ont fait un retour en 2022. Ça nous frappe cette année et les enfants sont plus touchés, affirme-t-il.
Des pédiatries, il n'y en a pas beaucoup au Québec. On n'a pas le choix d'accepter des patients, c'est correct, mais on a besoin de personnel, soutient pour sa part Sylvie Tanguay.
« On est censé avoir 18 lits, mais on ne peut pas ne pas prendre de patients. [Lundi] matin, on a fini à 22 [patients], mais on n'avait même pas le staff pour être capable d'en avoir 18. Aux soins intensifs, on a six lits, et on n'arrive pas à subvenir aux besoins, et on était à huit lits. »
Sylvie Tanguay croit qu'il est impératif que le CIUSSS améliore les conditions de travail pour retenir le personnel. Le premier coupable d'épuisement des infirmières, selon elle? Les heures supplémentaires obligatoires, communément appelées TSO (temps supplémentaire obligatoire).
Ce qui est difficile, c'est de ne pas savoir à quelle heure on va sortir. [...] Trois à quatre filles sont imposées par quart de travail. Jeudi soir, c'était sept personnes qui ont dû rester, déplore-t-elle.
« On fait quand même un travail minutieux. Les doses de médicaments sont fractionnées, on parle de bébés de 12 jours, 13 jours aux soins intensifs. Cela prend beaucoup de concentration et après 16 heures, on ne peut pas avoir cette concentration-là. On arrive à peine à manger. »
L'infirmière travaille en pédiatrie depuis près d'une vingtaine d'années, et soutient que la situation s'est grandement dégradée depuis la pandémie. Non seulement il manque de personnel, mais elle observe que les enfants sont plus malades qu'auparavant. J'ai l'impression qu'ils sont nés dans une bulle de verre, illustre-t-elle, en parlant de ceux nés pendant la pandémie.
« L'imposition, c'était l'hiver. [Le TSO] on le vivait déjà, depuis longtemps. Sauf que c'était un court laps de temps, de décembre à mars environ. Là, c'est récurrent et il n'y a pas de solutions. Les enfants sont plus malades, l'étage est très lourd. »