Une ville sans itinérants, le rêve fragile de Medicine Hat
Radio-Canada
Dans le sud-est de l'Alberta, Medicine Hat fait office d'exemple à suivre pour mettre fin à l'itinérance. La municipalité a même été couronnée comme la première ville au pays à réussir à réduire ce fléau, mais cette victoire s'effrite devant la pandémie et la crise du logement.
Wayne Kleinschroth, 56 ans, échange quelques blagues avec ses amis en attendant son repas du soir, offert par l'Armée du Salut.
Après un divorce et une crise cardiaque, ce charpentier s’est retrouvé à la rue pendant six ans. Grâce à un programme de la Société du logement de Medicine Hat, il réussit à obtenir une allocation. J’étais heureux ce jour-là.
Il a un toit depuis plus de deux ans maintenant et se s'estime chanceux. Le programme paie 420 $ de son loyer et, lui, rajoute le reste : 330 $ d'allocations qu'il reçoit du gouvernement albertain.
Je me suis trouvé un appartement en seulement deux jours, avoue-t-il. Mais tout le monde n'a pas droit à ce programme. Ceux qui n'ont aucun revenu restent à la rue.
Lorsque Wayne Kleinschroth entend dire que Medicine Hat est la ville sans itinérants, il rit et assure le contraire : Je connais encore beaucoup trop de personnes sans abri. Les responsables sont détachés de la réalité.
Comme partout au Canada, il suffit de marcher dans le centre-ville pour croiser des sans-abri. Ari Warhaft, barista au Station Coffee Company, travaille dans ce quartier depuis sept ans. La Ville fait tout ce qu’elle peut pour les aider, mais il y a encore des itinérants, juge-t-il.
En 2009, Medicine Hat devient la première ville canadienne à s’engager pour mettre fin à l’itinérance alors que 1147 personnes fréquentent les refuges, soit 2 % de la population.
À l’époque, nous ne savions même pas combien d’itinérants il y avait, se rappelle Jaime Rogers, porte-parole de la Société du logement.