Une veuve de 60 ans dépendante au jeu avec des dettes de 38 000$
TVA Nouvelles
Manon, 60 ans, est veuve et travaille dans une épicerie. Sa dépendance au jeu et une dette d’impôt vont la plonger dans la tourmente, alors qu’une saisie sur salaire vient s’ajouter à ses déboires.
Depuis le décès de son conjoint, Manon se sent seule. Pour tromper son ennui, elle fréquente régulièrement un bar sportif près de chez elle. «Cela me permet de voir du monde et de socialiser. Mais j’ai commencé à jouer aux machines à sous et j’ai perdu le contrôle», raconte-t-elle.
Manon est loin de rouler sur l’or. Elle reçoit un revenu net de 3500$ par mois, ce qui inclut son salaire et sa rente de conjoint survivant. Elle n’a aucun actif hormis ses meubles. Or, chaque semaine, elle joue et perd toujours un peu plus d’argent. Pour arriver à joindre les deux bouts, payer son loyer et ses comptes courants, elle a dû avoir recours à plusieurs prêts rapides.
Mais sa dégringolade ne s’arrête pas là: parce que sa pension de veuve s’ajoute à son salaire, le fisc lui envoie une facture fiscale chaque année. Par manque de moyens, elle n’a pas pu payer ces impôts supplémentaires, et les intérêts et les pénalités se sont accumulés. Découragée, Manon a donc cessé de produire sa déclaration de revenus, empirant la situation encore davantage. Ce qui devait malheureusement arriver arriva: Revenu Québec a effectué une saisie sur son salaire pour récupérer son dû.
Au fil du temps, entre ses soldes de cartes de crédit, ses dettes d’impôt et les prêts rapides, Manon s’est endettée de 38 000$, un montant qu’elle est bien incapable de rembourser. Et c’est sans compter les intérêts qui s’accumulent. «La tentation d’effectuer plusieurs petits prêts rapides est grande quand on est en difficulté financière, mais c’est loin d’être la solution idéale, bien au contraire. Les publicités des entreprises de prêts font valoir leur accessibilité rapide, sans évaluation approfondie de votre situation financière et sans mettre l’accent sur les taux d’intérêt très élevés, dépassant 100%! Lorsqu’on y a recours, on se retrouve coincé dans une spirale financière dont on ressort perdant la plupart du temps», prévient Pierre Fortin, président de Jean Fortin et Associés.
Ainsi, à cause des taux d’intérêt exorbitants sur ces prêts, Manon s’est plutôt enfoncée au lieu de s’en sortir. Quand son salaire a été saisi, elle s’est finalement décidée à aller consulter un syndic autorisé en insolvabilité pour savoir quelles étaient ses options.
«Lors de notre première rencontre avec Manon, nous lui avons demandé pourquoi elle n’était pas allée chercher de l’aide auprès d’un syndic plus tôt. Elle nous a répondu qu’elle avait honte de ses problèmes de jeu», précise Pierre Fortin.
Mais ce n’est pas tout: lors de la signature d’un contrat de prêt rapide, le créancier lui a mentionné que si elle faisait faillite ou une proposition de consommateur, non seulement cette dette ne serait pas incluse dans l’entente, mais qu’elle serait dès lors considérée comme frauduleuse. Cette fausse affirmation a laissé croire à Manon qu’elle pourrait être accusée de fraude et elle a renoncé à chercher de l’aide.
«La honte et la peur ne devraient pas être un frein à consulter un syndic autorisé en insolvabilité. Ils sont là pour vous guider vers les différentes solutions possibles afin de gérer une situation financière qui vous échappe», mentionne Pierre Fortin.